Depuis presque dix ans, un système sophistiqué a été mis en place par Israël pour éviter toute poursuite par la Cour pénale internationale contre ses responsables politiques et militaires. C’est ce que révèlent conjointement le quotidien britannique The Guardian et le site d’investigation israélien +972 Magazine.
Bien que l’État hébreu ne soit pas membre de la CPI, ses responsables peuvent être poursuivis pour des crimes commis dans les Territoires palestiniens. Il y a environ dix jours, le procureur de la Cour, Karim Khan, a demandé l’émission de mandats d’arrêt contre le Premier ministre Benyamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Galland. Dans une autre requête, trois hauts responsables du Hamas sont visés pour l’attaque du 7 octobre et les prises d’otages.
Les révélations montrent que le Shin Bet, le Mossad et l’armée israélienne ont mené une opération anti-CPI durant près de dix ans. Des pressions exercées par Israël sur la Cour étaient déjà connues, mais l’ampleur de ce système reste stupéfiante.
Dès 2009, lors de la première tentative de plainte palestinienne, les autorités israéliennes ont exprimé leurs craintes. Cette inquiétude s’est intensifiée lorsque l’État de Palestine est devenu membre de la CPI en 2015.
Pour empêcher toute enquête d’aboutir, la procureure de l’époque, Fatou Bensouda, a été espionnée. Ses réunions avec l’Autorité palestinienne étaient surveillées. The Guardian rapporte que Yossi Cohen, alors directeur du Mossad, aurait directement menacé la magistrate. De plus, les membres d’ONG palestiniennes coopérant dans l’enquête ont fait l’objet d’intimidations aux Pays-Bas.
Karim Khan, successeur de Fatou Bensouda, a également subi ces pratiques. Début mai, il a menacé d’engager des poursuites pour entrave à la justice, un délit passible de cinq ans de prison.