Histoire secrète : Abdoulaye Wade aurait 95 ans, « hors TVA »

Joyeux anniversaire à ce grand démocrate qu’est le Président Abdoulaye Wade ! Il a quitté le Barreau en 1991, au moment d’intégrer le gouvernement de Abdou Diouf, cependant, il ne cessa d’être l’avocat de l’Afrique.
Mais nous devons à la vérité de poser encore le débat sur le vrai âge du Président Abdoulaye Wade. D’ailleurs, l’âge des hommes d’Etat africains nés avant les deux grandes guerres, surtout dans les zones dites « indigènes », souvent tabou, pose toujours problème. Il est établi que Houphouët Boigny avait plus de dix ans, quand il en paraissait cinq. D’après Idrissa Seck, le petit Abdoulaye Wade courait derrière le cheval de Serigne Touba. Officiellement, Wade avait un an quand le fondateur du Mouridisme fut rappelé à Dieu en 1927.
Les conditions de la naissance du Parti démocratique sénégalais posent également problème. Une persistante rumeur cherche à faire avaliser l’idée selon laquelle c’est le poète-président qui a suscité la création de ce parti pour se faire succéder par Abdoulaye Wade.
Le 11 février 1978, lors d’un meeting à Ziguinchor, pour les besoins de la présidentielle, Léopold Sédar Senghor dira : « Abdoulaye Wade a commencé par dire qu’il s’est entendu avec moi pour créer son parti afin de me remplacer. Ce n’est pas vrai, car, d’abord je ne suis pas éternel et ensuite, je veux après moi, que ce soit un militant du Ps qui me remplace ».
En 2010, le Président Wade a déclaré, lors de l’audience que lui a accordée le Khalife général des mourides, que Serigne Fallou Mbacké, du nom du deuxième khalife général des mourides, l’a conseillé lors de la création du Parti démocratique sénégalais (Pds). « Lorsque je suis venu le voir pour lui dire que je comptais créer un parti politique, il m’a dit, que ce n’est pas encore le moment », a déclaré Me Wade. Le Président Wade a révélé que Serigne Fallou a insisté, répétant à trois reprises que son heure n’était pas encore arrivée. « Le moment venu, tu le sentiras physiquement ». Me Wade d’ajouter que c’est son père qui l’a amené à Touba pour l’initier au mourisdisme.
De plus, ex de l’Ups de Léopold Sédar Senghor, le pape du Sopi a longtemps été travailliste, donc censé être plus proche des forces ouvrières, avant de devenir libéral. Libéralisme et travaillisme sont deux orientations politiques totalement opposées, selon feu le professeur Amadou Aly Dieng qui explique : « Le libéralisme est le langage des patrons et le travaillisme c‘est une doctrine qui prend en charge les intérêts des travailleurs comme on le voit en Grande Bretagne. Donc, c’est cela qui a réorienté les fondements de ce parti qui épousera les idéaux du libéralisme. Mais cela me semble être une véritable absurdité, car le libéralisme, c’est le langage des forts et non pas celui des faibles. Tout pays qui veut se développer doit protéger au moins son industrie. Nous pouvons citer entre autres exemples l’Angleterre et le Japon. L’Angleterre n’a véritablement opté pour le libéralisme qu’en devenant un pays industriel en forte concurrence avec la Hollande. Elle s’est imposée de manière hégémonique dans le monde européen ».
Une fois au pouvoir, Wade trouvera la formule-synthèse : c’est le « Libéralisme-social ».
Ce n’est pas un cadeau d’anniversaire empoisonné. Il nous faut réécrire notre Histoire avec plus de rigueur !

Thierno Diop/Journaliste