Frustration: Les agents de la CENA écrivent à leur président…

Les agents de la Commission électorale nationale autonome (CENA), dans un mémorandum, ont interpellé leur Président. En effet, ces derniers, à l’issue d’une réunion tenue le mercredi 15 juillet 2020, ont fait part de leurs revendications. Une frustration dont ils font l’objet « en termes, entre autres, de salaires, d’avantages, de couverture médicale« .

In extenso, le mémorandum des agents de la CENA:

À MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE LA CENA

Monsieur le Président,

Nous agents de la Commission électorale nationale autonome (CENA), constitués en collectif à l’issue de la réunion tenue le mercredi 15 juillet 2020, vous interpellons sur la frustration dont nous faisons l’objet en termes, entre autres, de salaires, d’avantages, de couverture médicale.

Sur les salaires :

Pendant que le coût de la vie devient de plus en plus élevé, et que des institutions ont des grilles salariales très motivantes et continuent de consentir des efforts louables allant dans le sens de revoir à la hausse les salaires de leurs employés pour permettre à ceux-ci de mener à bien leurs missions respectives, l’administration de la CENA, elle, n’a fait aucune action d’envergure et d’importance majeure en matière de salaires pour ses agents. Sinon elle procède en de rares fois à des ajouts infimes et à géométrie variable sur quelques salaires d’agents choisis. Par géométrie variable, il faut entendre que les ajouts sur les salaires concernés ont été faits de manière discriminée, sans aucune base justificative. Pour mieux illustrer ces faits, nous pouvons évoquer les ajouts sur salaires intervenus à la suite de la lettre de protestation en date du 21 juin 2017 ayant pour objet “Demande d’intervention pour la régularisation de notre situation professionnelle” que le personnel a adressée au Président de la CENA. Nous avons constaté que certains agents ont eu une prime plus grande que d’autres. Ainsi, la question se pose à savoir sur quelle base alors le calcul des primes s’est opéré ? Aussi des écarts de salaires très importants se constatent au sein des employés, d’abord entre agents de même catégorie (exemple assistanat ou ingénierie), ensuite entre catégories, et même au profit des moins diplômés. À ce sujet, l’administration de la CENA argue parfois que la fonction prime sur le diplôme. Soit, mais il est curieux qu’un poste d’ingénieur soit moins important que l’assistanat.

En tout état de cause, nous sommes sans ignorer qu’à conditions égales de travail, de qualification professionnelle et de rendement, le salaire est égal pour tous les travailleurs, quels que soient leur origine, leur sexe, leur âge et leur statut.

Il est évident qu’aucune base de calcul de salaires fondée soit sur le poste, la fonction ou le diplôme n’est appliquée par l’administration de la CENA.

S’agissant de la couverture maladie :

Au moment où l’État a mis en place une politique sanitaire pour permettre aux couches vulnérables d’avoir accès aux soins de santé, l’administration de la CENA a souscrit une assurance maladie pour ses membres et coopté quelques uns de ses agents pour les intégrer dans ladite assurance avec un salaire du directeur général qui tourne autours 2 millions FCFA par mois et 1 millions de Fcfa en carburant par mois et 27 millions de francs CFA en assurance maladie annuelle pou les membres qui sont pourtant en retraites depuis 2015. Aussi les membres sont absents depuis la pandémie et pourtant ils perçoivent régulièrement leurs salaires dont chacun obtient 1 millions 5 00 milles fancs CFA par mois . Là encore, on nous a fait croire que cette assurance était en phase test d’un an et qu’après cette phase, elle allait être élargie à l’ensemble du personnel. Mais aujourd’hui, c’est-à-dire trois ans après, force est de constater aisément que la CENA n’a pas la volonté de faire bénéficier de cette assurance à l’ensemble de ses agents qui, d’ailleurs, souvent injectent une bonne partie de leurs modiques salaires dans des soins médicaux pour eux et leurs familles. La quasi-totalité desdits agents est contrainte d’utiliser des imputations budgétaires très limitées avec tout ce que cela comporte comme incidences pour se faire soigner. L’administration de la CENA serait bien professionnelle d’expliquer pourquoi la majorité de ses employés plus démunis n’est pas ayant-droit de l’assurance maladie ? Sur quels critères se fonde l’administration de la CENA pour exclure de l’assurance maladie cette majorité de son personnel ? On ne nous évoquera pas la fameuse idée d’IPM qui ne nous semble pas pertinente pour les moins nantis, car les agents de la CENA n’en veulent pas.

Sur les avantages :

Il est de notoriété que dans les institutions, les employés ont un plan de carrière alléchant. Pour ce faire, des formations sont offertes aux agents pour le renforcement de leurs capacités. Cela peut se justifier aisément dans la mesure où les connaissances évoluent et leur acquisition nécessite un coût. C’est pour cette raison certainement que la CENA a une ligne budgétaire relative à la formation. Cependant, il est déplorable de remarquer que quelques agents seulement ont pu bénéficier de ce fonds destiné à la formation. Pourquoi encore ce choix ne reposant sur aucun objectif défini.

Dans la même veine, les bonnes pratiques administratives commandent que des promotions internes d’agents aient lieu, chaque fois que de besoin, et que les nouveaux occupants de postes se voient octroyés la même logistique de fonction que leurs prédécesseurs.

Par ailleurs, lors de la cérémonie annuelle de présentations de vœux de fin d’année, il est prononcé un discours soi-disant du personnel. Cependant, les agents de CENA estiment que c’est plutôt un discours pour le personnel qui est prononcé, car un discours du personnel devrait être l’émanation de celui-ci. Autrement dit, un discours dit du personnel suppose que les agents se concertent et obtiennent un consensus pour sa production. C’est vous dire que le personnel de la CENA n’a jamais été solidaire aux soi-disant discours du personnel prononcés à l’institution et demande que la méthodologie change.

Pour finir, les agents de la CENA réclament :

· l’intégration sans délai de tous les agents dans l’assurance maladie. Nous savons que l’institution a un statut très intéressant et peut réaliser un tel projet bien élaboré par l’administration.

Les agents de la CENA demandent :

· la correction des disparités de salaires en adoptant une grille salariale comportant tous les avantages,
· pour pourvoir tout poste vacant, de toujours rechercher les compétences au sein des agents pour en faire des promus,
· la mise en place d’un plan de carrière pour le personnel,
· la correction des anomalies dans le calcul des primes susvisées,
· la révision des conditions de travail des chauffeurs,
· une bonne politique sociale au profit des travailleurs.

Les agents de la CENA recommandent que :

· pour les mesures concernant le personnel, le collectif soit consulté au préalable afin d’asseoir une meilleure communication.

Veuillez recevoir, Monsieur le Président, l’expression de notre haute considération.

Fait à Dakar le 29 Mars 2021

Ont signé pour le Collectif des agents de la CENA :

Ampliation :

· Membres CENA
· Secrétaire Général

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