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France, primaire à droite: quelles visions ont les candidats de l'Afrique?

Quelle est la vision de l’Afrique des candidats à la primaire de la droite en France ? En ont-ils vraiment une ? S’ils accédaient à l’Elysée, quelles relations établiraient-ils entre la France et le continent ? RFI leur a posé ces questions à François Fillon, Bruno Le Maire, Jean-François Copé, Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-Frédéric Poisson.

■ François Fillon, rompre avec l’ingérence

L’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy, François Fillon, veut rompre avec l’ingérence de la France en Afrique et appelle au respect du droit international.« On a un lien avec l’Afrique qui est indissoluble, historique, sentimental, économique que personne ne peut détruire. En même temps, on a commis des erreurs dans le passé en s’ingérant beaucoup trop dans la politique africaine. Je pense que l’expérience de ces dernières années montre que les interventions militaires occidentales, lorsqu’elles se traduisent par une forme de destruction de structures étatiques, sont extrêmement négatives. Je pense notamment à ce qu’il s’est passé en Libye. »Et de poursuivre : « Je pose comme principe de base que les Occidentaux ne peuvent plus faire faire à un peuple un chemin à sa place. On peut venir en aide, en soutien dans le respect des règles du droit international, mais pas au-delà. »

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Bruno Le Maire, un appel à mettre fin à la Françafrique

Bruno Le Maire était proche de Sarkozy, aujourd’hui, il se présente contre lui. Ancien ministre de l’Agriculture, il est actuellement député de l’Eure. Figure peu connue à l’internationale, Bruno Le Maire s’exprime sur le Gabon. Alors que la France s’est contentée de reconnaître froidement la réélection d’Ali Bongo en dépit des contestations, il cite ce cas gabonais pour exiger la fin de la Françafrique.« Toute la relation qui a été construite depuis des années qui est une relation parfois incestueuse, parfois compliquée, où les rapports ne sont pas d’égal à égal, pour moi c’est une vision totalement dépassée de ce que sont les Etats africains. La France doit rentrer dans une ère de relation beaucoup plus respectueuse, beaucoup plus équilibrée, entre la France et l’Afrique », a déclaré sur RFI Bruno Le Maire.Et d’ajouter : « Ce qui est intéressant serait de transposer la réaction qu’on a sur les élections au Gabon, par exemple, par rapport à d’autres élections qui auraient lieu sur le continent asiatique ou sur le continent américain. Est-ce qu’on aurait exactement le même genre de relation ? Non. Et le même genre de réaction ? Non plus. Donc moi, je souhaite simplement que les Etats africains avec lesquels nous sommes liés par des liens historiques très anciens, on entre dans une ère nouvelle où la relation entre la France et ces Etats est faite de respect et on est sur un pied d’égalité. »

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■ Jean-François Copé, rendre à la France l’influence qu’elle a perdu en Afrique

Maire de Meaux et ancien président de l’UMP, Jean-François Copé estime que le terme « Françafrique » ne veut tout simplement rien dire. Pour lui, il s’agit d’un mot utilisé par ceux qui ne veulent pas agir sur le continent. Sa priorité est donc de rendre à la France l’influence qu’elle a perdue ces dernières années en Afrique.

« La France a un peu reculé. Je souhaite qu’elle puisse reconstruire un nouveau partenariat avec un certain nombre des Etats africains qui aujourd’hui incarnent cette espérance pour l’Afrique. On a des intérêts économiques qui sont réciproques, on a des liens qui sont très forts. Et pourtant ce sont les Chinois, les Indiens, les Brésiliens qui investissent en Afrique. Du coup, notre position recule. La part de marché français en Afrique subsaharienne en quinze ans a diminué de moitié. L’objectif, c’est d’inverser la tendance : il faut réinvestir en Afrique au sens humain, au sens politique, au sens économique, au sens culturel », explique Jean-François Copé.Et de poursuivre : « Le discours politique s’est en réalité affaibli. C’est vrai de la gauche comme de la droite ! Et c’est dommage parce que ça laisse à des pays comme la Chine, par exemple, des perspectives de venir investir, alors que la France, compte tenu de notre histoire commune, est un partenaire infiniment plus naturel que d’autres pays du monde. »

■ Nathalie Kosciusko-Morizet, l’Afrique, « une maison en construction »

NKM, comme on l’appelle, a été ministre de l’Ecologie lors de la présidence de Sarkozy, dont elle a été très proche. Aujourd’hui, elle est en rupture avec lui. Pour la députée de l’Essonne, l’Afrique est une « maison en construction ».

« Je tire un bilan très négatif de la politique africaine de François Hollande. Je trouve que d’abord il n’est pas au rendez-vous de ses promesses, comme sur beaucoup de sujets. Par ailleurs, indépendamment de ses promesses finalement dont on se moque – c’est déjà du passé – la France est en train de passer à côté de certaines opportunités en Afrique. L’Afrique, c’est notre frontière », détaille la candidate.

Et de continuer : « Il y a une proximité linguistique et culturelle, il y a une empreinte géostratégique forte, il y a une aura politique. On a par ailleurs des entreprises d’excellence dans les domaines dont l’Afrique a besoin parce que l’Afrique c’est une maison en construction. Il y a vraiment matière à un réinvestissement de la France en Afrique dans les années qui viennent. »

Jean-Frédéric Poisson, stopper les flux migratoires

 Le député des Yvelines, également président du Parti chrétien-démocrate, est resté très discret avant l’annonce de sa candidature à la primaire de la droite. Sa priorité pour l‘Afrique : faire cesser des flux migratoires, car selon lui, la France ne peut les plus supporter. Sa solution : renforcer l’industrialisation du continent.« Les populations africaines viennent vers l’Europe pour trouver des conditions de vie qui sont meilleures que celles qu’elles trouvent dans leurs propres pays. Le ressort du phénomène de la migration, c’est-à-dire le fait de trouver un sort meilleur pour soi et pour ses enfants, est quelque chose qu’on ne comprime pas. Ce qui veut dire que si on veut – et c’est une nécessité pour la France – avoir une plus grande maîtrise des flux migratoires il faut impérativement développer des activés industrielles dans les pays d’Afrique », détaille Jean-Frédéric Poisson

Et de conclure : « Il y a une première chose qu’on pourrait imaginer, qui est une solution adoptée d’ailleurs aujourd’hui par le Gabon, ce sont des accords de coopération qui diraient par exemple que nous nous interdisons d’acheter des matières premières qui n’auraient pas subi une première transformation sur le sol de l’Etat dans lequel on les achète, pour favoriser les développements de l’emploi local et faire en sorte qu’une partie de la richesse que nous récupérons en achetant ces produits serait d’ores et déjà produite et répartie sur le sol de l’Etat à qui nous achetons ces matières premières transformées. Un accord de cette nature serait susceptible d’inciter les pays africains à conserver chez eux les populations qui viennent pour l’instant dans les pays d’Europe, pour faciliter ces développements industriels avec une richesse à se partager qui serait désormais disponible. »

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