Mustapha Karmim, un aide-soignant franco-marocain en réanimation, se trouve actuellement en mer à bord d’un navire de la flottille humanitaire en route pour Gaza. Depuis le bâtiment Anas-el-Sharif, il a lancé un appel aux autorités françaises pour obtenir une protection, tout en réaffirmant le caractère pacifique de sa mission visant à « sauver des vies ».
S’exprimant auprès de l’agence Anadolu, M. Karmim a expliqué son engagement comme une réaction citoyenne face à ce qu’il qualifie de « génocide qui dure depuis plus de deux ans ». Il a souligné que face à « l’inaction des gouvernements » pendant que des milliers de personnes périssent « sous les bombes », des citoyens ont décidé d’agir pour tenter d’« ouvrir un couloir humanitaire ».
Le voyage se poursuit malgré une surveillance rapprochée. L’aide-soignant a rapporté la présence de « deux drones au-dessus de nos têtes » durant une nuit, précisant toutefois que la navigation se déroulait pour l’heure « sans difficulté ». Selon nos informations, la flottille, composée de navires de diverses nationalités, se trouvait récemment à environ 300 milles marins de sa destination. Parmi les participants figurent des militants de plusieurs pays, dont un ingénieur naval américain qui a également témoigné des défis de la traversée.
La flottille bénéficie d’un accompagnement partiel par des navires militaires italiens et espagnols, une présence que Mustapha Karmim juge rassurante. « Déjà, c’est une bonne chose qu’ils soient à nos côtés. Ça sécurise un petit peu notre flottille », a-t-il déclaré. Il a formulé une demande explicite à l’égard de Paris : « On aimerait être protégés, comme nos camarades belges ou italiens ou espagnols ». Appelant la France à aller au-delà de la reconnaissance de l’État palestinien, il a insisté sur la nécessité pour Paris de « tout faire pour ramener ses citoyens en vie ».
L’objectif de la mission est clair, selon ses participants : « Notre but n’est pas d’aller mourir là-bas, mais d’apporter simplement une aide humanitaire », a affirmé M. Karmim. Cette détermination pacifique est partagée par d’autres activistes du convoi, qui ont déclaré n’avoir « peur de rien » face à une possible intervention. Le Franco-marocain a précisé que les bateaux ne transportaient que « de l’aide humanitaire, du matériel scolaire et de l’aide alimentaire ». Il a ajouté : « S’ils arrêtent cette flotte, ce n’est pas grave, on en enverra d’autres (…) jusqu’à ce qu’on puisse briser enfin ce blocus. »
La « Global Sumud Flotilla » est une coalition de plus de 50 navires civils transportant environ 250 tonnes d’aide. Elle intervient alors que la situation humanitaire à Gaza est jugée dramatique. D’après les autorités sanitaires locales, plus de 66 000 Palestiniens ont été tués depuis octobre 2023. La Cour internationale de Justice a ordonné à Israël de permettre l’accès humanitaire, tandis que la Cour pénale internationale a confirmé des mandats d’arrêt visant des dirigeants israéliens pour crimes de guerre.