Émile Faure : un acteur méconnu du nationalisme africain dévoilé

Émile Faure : un acteur méconnu du nationalisme africain dévoilé

Émile Faure, un nom peu familier pour beaucoup, tient pourtant une place centrale dans l’histoire du nationalisme africain au cours du XXe siècle. Né le 19 novembre 1892 à Saint-Louis du Sénégal, Émile Faure est issu d’une famille métissée, son père étant français et sa mère, Mama Touré, une descendante de l’Almamy Samory Touré. Comme de nombreux Africains de son époque, il a été envoyé en France pour parfaire ses études, fréquentant d’abord le lycée Saint Genest de Bordeaux avant d’intégrer l’école des Arts et Métiers. Il y deviendra ingénieur conseil, un parcours qui le voit chef du bureau d’études d’une entreprise spécialisée dans les pompes.

Dès le début des années 1920, Émile Faure s’implique dans des mouvements anticolonialistes. Il adhère à l’Union Intercoloniale, un groupement en lien avec le Parti communiste français qui comptait parmi ses membres des figures comme Ho Chi Minh et Messali Hadj. En parallèle, il devient président de La Fraternité africaine en 1924, bien que cette association disparaisse peu après. Son engagement le conduit également à participer à des publications telles que « Le Courrier des Noirs » et « La Race Nègre », des journaux prônant les revendications raciales et sociales.

Face au contexte politique complexe, Émile Faure se démarque par ses positions nationalistes. Hostile à toute influence communiste, il incarne une fronde au sein de la Ligue de défense de la Race Nègre, jusqu’à en devenir président en 1930. Ses différends avec Tiéméko Garan Kouyaté et d’autres militants illustrent les divergences stratégiques sur la collaboration avec des organisations « blanches » du paysage métropolitain. C’est ainsi qu’il s’oppose à une collaboration étroite avec le Parti communiste français.

Malgré les turbulences politiques européennes des années 1930, Faure s’allie avec des figures influentes du courant trotskyste et des mouvements anti-impérialistes, notamment à travers le Centre de Liaison Anti-impérialiste fondé en 1939. Malheureusement, la montée des tensions internationales et la répression politique de l’époque le conduisent à la détention en Côte d’Ivoire durant trois ans à partir de 1939, après son arrestation à Paris.

Libéré en 1944, Émile Faure continue à lutter pour l’émancipation africaine, notamment à travers ses écrits. Cependant, il reste largement méconnu aujourd’hui. Son nom n’est à peine mentionné dans les programmes scolaires, bien qu’il soit tout aussi légitime que celui de Lamine Senghor. Son combat mérite d’être reconnu au Sénégal et ses idéaux de liberté intégrés dans la conscience collective. Comme l’a rapporté le Professeur Olivier Sagna sur le site de Sud Quotidien, il est indispensable de réhabiliter cette figure historique et d’honorer sa mémoire par des gestes symboliques, tels que nommer des rues à son nom à Saint-Louis.

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