Droits TV du football : Le Pr Abdoulaye Sakho plaide pour une refonte juridique et économique au Sénégal

Au Sénégal, les droits télévisés du football peinent à jouer leur rôle de levier financier majeur. Pour le professeur Abdoulaye Sakho, spécialiste reconnu en droit des affaires et du sport, la cause est claire : une législation dépassée, une stratégie sportive inachevée et un spectacle peu attractif. Dans un entretien accordé au quotidien Le Soleil et exploité par Senego, le vice-président du Jaraaf appelle à une réforme en profondeur pour transformer les droits TV en véritable moteur de développement du football local.

Une loi obsolète au cœur du blocage

« Notre pays, en matière de réglementation du sport, vit encore sous l’ère d’une loi obsolète datant de 1984 », souligne le Pr Sakho. La « Charte du sport », qui constitue encore la référence, n’avait pas prévu l’essor des droits télévisés, devenus aujourd’hui, avec les paris sportifs, une source majeure de financement dans le monde. Adopté récemment en Conseil des ministres, le projet de loi relatif aux activités physiques et sportives — qui devrait inaugurer le futur Code du sport — reconnaît d’ailleurs « l’inadaptation des mécanismes de financement et la faible prise en charge de la dimension économique » dans le texte de 1984.

Construire des clubs puissants et attractifs

Pour l’universitaire, l’État et la Fédération sénégalaise de football doivent travailler main dans la main afin de bâtir des clubs solides, capables d’être compétitifs sur le terrain mais aussi économiquement viables. « Les télévisions ne sont pas des âmes charitables, leurs managers veulent des résultats économiques probants », rappelle-t-il. L’exemple du PSG, transformé en géant économique après son rachat par le fonds qatari QSI, illustre à ses yeux comment un club peut devenir un véritable contributeur fiscal et un acteur économique majeur.

Vers un modèle durable et international

Le Pr Sakho plaide pour une stratégie plus large, intégrant l’ensemble des droits de propriété intellectuelle liés au sport. Il évoque notamment les conclusions d’une rencontre organisée par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), qui a recommandé de réfléchir à un système de rémunération vers l’Afrique dans tout spectacle sportif mettant en scène des joueurs africains. « Une part de ces retombées financières devrait revenir aux pays africains. Ce n’est pas une revendication pour faire plaisir, c’est tout à fait objectif », insiste-t-il.

Au-delà du partage des revenus télé au niveau national, l’universitaire propose donc d’innover en intégrant un critère spécifique lié au nombre de footballeurs africains expatriés dans les calculs de répartition. Un mécanisme qui permettrait aux pays formateurs, comme le Sénégal, de bénéficier des richesses générées par leurs talents à l’étranger.

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