Disparition d’un journaliste au Mali : mandat d’arrêt international contre Karim Keïta, fils de IBK

L’ancien député malien Karim Keïta, fils aîné de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keita renversé en 2020 par un coup d’État, fait depuis lundi l’objet d’un mandat d’arrêt international dans le cadre d’une enquête sur la disparition d’un journaliste en 2016.
Interpol, l’organisme international de coopératoin policière basé à Lyon (France), a émis une «notice rouge» à la demande d’un juge d’instruction du tribunal de grande instance de la commune IV de Bamako, la capitale malienne, a dit une source proche de l’enquête s’exprimant sous le couvert de l’anonymat. L’existence de cette notice – qui n’apparaissait pas sur le site officiel d’Interpol lundi soir-visant Karim Keïta a été confirmée à l’AFP par un responsable du bureau de représentation d’Interpol au Mali ayant également requis l’anonymat. Karim Keïta a trouvé refuge à Abidjan après le coup d’État militaire qui a renversé son père en août 2020.
L’enquête qui le vise concerne la disparition d’un journaliste d’investigation âgé d’une cinquantaine d’années, Birama Touré, qui travaillait pour l’hebdomadaire de Bamako Le Sphinx. Il n’a plus été vu depuis le 29 janvier 2016, selon sa famille et le directeur de la publication, Adama Dramé. Ces derniers disent craindre qu’il ait été enlevé, torturé et tué après plusieurs mois de détention. Le directeur du Sphinx avait affirmé en 2018 que son ex-reporter avait auparavant approché Karim Keïta à propos d’un dossier qu’il présentait comme compromettant pour le fils du président.
Estimant avoir été diffamé par le Sphinx, Karim Keïta, qui a toujours fermement démenti toute implication dans la disparition du reporter, avait porté plainte en 2019 pour diffamation contre le directeur de la revue et contre un journaliste d’une radio privée de Bamako qui lui avait ouvert son antenne. Cette plainte en diffamation avait toutefois été jugée irrecevable pour des questions de forme par la justice malienne. Le directeur du Sphinx, craignant pour sa sécurité, a pour sa part trouvé refuge en France.