Diminution des violences sexuelles au Sénégal : un effet de la criminalisation du viol et de la pédophilie ?

Les cas de violences sexuelles rapportés aux boutiques de droit de l’Association des juristes sénégalaises (AJS) ont significativement diminué ces dernières années, a indiqué mardi sa présidente, Aminata Fall Niang.
En se basant sur les chiffres des boutiques de droits de l’AJS réparties dans les différentes régions, elle a précisé que les cas de violences sexuelles enregistrés sur des femmes et des enfants soumis à leurs consultantes ont notablement baissé.
Cette déclaration a été faite lors de l’ouverture du symposium sur l’application de la loi n°2020-05 du 10 janvier 2020, qui criminalise le viol et la pédophilie, organisé par l’AJS en collaboration avec la délégation de l’Union européenne (UE) au Sénégal.
Avec la criminalisation du viol et de la pédophilie, un pas symbolique a été franchi pour attribuer clairement la faute au violeur plutôt qu’à la victime, a-t-elle souligné.
Elle a ajouté que cette mesure est devenue un instrument dissuasif pour les potentiels agresseurs sexuels, grâce notamment aux sanctions très sévères prévues en cas de passage à l’acte.
Toutefois, malgré ces chiffres encourageants qui laissent à penser que la criminalisation du viol et de la pédophilie a atteint ses objectifs, l’analyse doit rester prudente. Ils peuvent masquer la réalité du terrain où beaucoup de cas ne sont pas dénoncés pour diverses raisons qui seront discutées lors du symposium.
Jean Marc Pisani, ambassadeur de l’UE au Sénégal, a également pris la parole pour souligner que l’adoption de cette loi en 2020 a été une avancée majeure pour la protection des femmes et des enfants au Sénégal. Elle a permis de briser le silence sur ces violences et de reconnaître la gravité des crimes commis.
Il a toutefois insisté sur le fait que face au traumatisme, la prise en charge doit être multidimensionnelle et pluridisciplinaire, ce qui constitue une des difficultés spécifiques des actions menées jusqu’à présent.
Il a donc souligné la nécessité de définir un plan de sensibilisation et de formation des professionnels, en collaboration avec les acteurs concernés, afin d’assurer une prise en charge globale et de qualité des victimes. Il a également insisté sur l’importance de mener des actions de prévention et de sensibilisation dans la lutte commune contre les violences faites aux femmes et aux enfants.