Dialogue politique : Une porte de sortie

Le Procès Adji Sarr-Ousmane Sonko s’est tenu mardi 23 mai avec son lot de révélations qui mettent à nu la dégradation de nos mœurs et la banalisation de certaines pratiques aux antipodes de nos valeurs à la fois culturelles, sociologiques et axiologiques.

Le procureur a donné son verdict, il reste maintenant au juge dans un souci d’impartialité, de prononcer son jugement sur la base des témoignages et réquisitoires engrangés le jour du procès. Nous sollicitons pour lui de n’écouter que sa propre conscience pour nous lire le droit et uniquement le droit issu de l’écoute des témoins et d’une partie deplaidoirie, celle de la partie civile.

J’aurai souhaité, comme je l’ai annoncé dans mes articles précédents que Ousmane Sonko et ses avocats honorent de leur présence cette rencontre et défendre leurs positions dans ce procès. La politique de la chaise vide n’a jamais été efficace. Le déroulement du procès a montré que leur présence aurait été plus bénéfique.

Malgré tout ce qui vient de se passer, je continue en tant que citoyen attaché à la paix d’inviter les acteurs politiques à répondre au dialogue qui est une volonté du Chef de l’Etat. Il n’est jamais tard pour dialoguer. Aucun obstacle n’est insurmontable. Que cela soit les prisonniers politiques, la participation des candidats aux élections et même le troisième mandat.

Par exemple, pour ce dernier point, ma position est très simple car il n’y a que deux hypothèses : Soit le Président annonce qu’il n’est pas candidat et le débat est clos, soit il dit qu’il est candidat, et là, c’est le Conseil constitutionnel qui va trancher. Inutile de basculer dans la violence puisque le peuple aura toujours le dernier mot.

Le conflit doit donc être déplacé de la rue vers les urnes. L’opposition pourra dans le cadre du dialogue, discuter avec le pouvoir des conditions d’une élection libre et transparente pour que tout le monde soit d’accord avec les résultats qui sortiront des urnes. Pourquoi j’ai insisté sur le dialogue et si possible, son caractère inclusif ?

Force est de constater que la vie politique sénégalaise est caractérisée par une bipolarisation entre les coalitions BBY et YEWWI ASKAN WI. Ainsi, un dialogue politique sans le YEWWI dont Pastef, risquerait d’être d’un goût inachevé. C’est pourquoi, la participation de cette frange de l’opposition donnerait au dialogue un sens élevé et une crédibilité supplémentaire.

Le Sénégal est à la croisée des chemins et traverse des moments difficiles et tout le monde se pose des questions sur les lendemains qui guettent notre pays. Les leaders d’opinion doivent se mobiliser davantage, pour éviter à notre pays une crise majeure comme on peut le constater ailleurs sur le continent et surtout dans notre sous-région.

Nous lançons donc un appel solennel à la classe politique et en premier le Président de la République qui doit peser de tout son poids pour une décrispation de la tension sociale. Les gens doivent se parler, Ousmane Sonko doit accepter le dialogue car toutes les guerres, même les plus féroces, finissent sur la table de négociations.

Il y a des moments, dans la vie d’une nation, la seule posture qui vaille est la recherche de la paix. Une paix adossée à des valeurs de justice sociale. Nous ne pouvons plus continuer à perdre des vies humaines innocentes. La vie humaine est trop sacrée et les enfants qui périssent dans les confrontations sont l’avenir de notre nation.

Il ne s’agit plus, aujourd’hui, de défendre aveuglément un camp, mais de trouver les voies et moyens pour régler les différends de manière pacifique. On ne peut plus faire l’économie d’un dialogue. Le Président de la République a ouvert ses portes, une occasion de face à face et d’interface pour prendre langue et restaurer la confiance perdue. L’option d’une confrontation violente est toujours la dernière et elle n’est pas souhaitable. Ousmane Sonko est un opposant politique important, Il bénéficie d’une grande sympathie auprès de la jeunesse. Cependant, il doit être bien conseillé. La politique du boycott ne milite pas en sa faveur.

Le Président Macky Sall doit améliorer la gouvernance et œuvrer à l’apaisement du climat social en restaurant la confiance entre le pouvoir et l’opposition. Cette dernière doit aussi assouplir sa position en trouvant une alternative à la rue. La participation au dialogue pourrait être un moment fort pour notre démocratie. Les monologues et le dialogue de sourds ont trop duré et les responsabilités sont partagées dans les drames que nous vivons.

Le Président Sall a un bon bilan, il a transformé le Sénégal et a réussi à construire un capital de sympathie à l’international. Au plan sportif, sa gouvernance nous a apporté beaucoup de bonheur. Son règne a vaincu le signe indien d’un football sénégalais longtemps absent des moments de consécration du football continental. Notre pays vient de rafler tous les trophées continentaux et l’histoire retiendra que cette performance inédite s’est réalisée sous le magistère du Président Macky Sall.

Notre pays va bientôt produire du pétrole, du gaz et autres richesses comme le zircon. Nous devons donc nous retrouver autour de l’essentiel : l’unité et la défense des intérêts de notre peuple. Cela ne signifie pas que les divergences vont disparaitre mais nous devons développer des mécanismes et des rouages pour transcender ses divergences. Le génie sénégalais compte beaucoup de ressorts sociaux et d’autorités dont la respectabilité ne souffre d’aucune contestation. Cela n’exclut pas la saine compétition politique et électorale.

Par conséquent, l’opposition et le pouvoir doivent, s’ils sont mus par l’intérêt du Sénégal, prendre langue et aller vers des consensus. Dialoguer ne signifie pas se compromettre. Les préalables au dialogue ne sont pas nécessaires, ils peuvent faire objet de discussion au cours du dialogue.

L’opposition doit aller dialoguer et défendre ses positions. Khalifa Sall a raison d’accepter la main tendue du Chef de l’Etat. Sonko peut même, s’il le désire, envoyer des émissaires au dialogue dont la date est retenue au 30 mai 2023. Le seul fait de participer au dialogue est déjà un signe de décrispation. L’opposition ne perd rien en dialoguant et cela n’empêchera pas la poursuite des dossiers judiciaires.
Dans tous les cas, les Sénégalais observent. Le procès Sonko-Adji Sarr a été massivement suivi. Nous attendons un verdict juste et équitable.

Au finish, c’est l’occasion d’encourager le comité de médiation qui a pris son bâton de pèlerin pour baliser le chemin de la paix et rétablir la confiance entre acteurs politiques.
Le Sénégal doit refuser le chaos, les hommes passent, les institutions restent. Nous devons remercier Dieu qui a tout donné à notre pays. Nous devons mériter cela et veiller à ce que notre pays continue à garder cette bonne image qu’on lui connait, celle d’un pays phare de la démocratie en Afrique.
Dr Moustapha Samb
Enseignant/chercheur

3 COMMENTAIRES
  • Macky sall

    Pour nous la jeunesse de ne plus prendre les pirogues pour mourire dans les eaux pour que Ousmane Sonko gerre notre resourses le petrole qui est notre espoir pour vivre ici au Sénégal fondait des famille come le fait arabia souidite katar nous sommes 17000000 milliones de Sénégal si chacun a sa part on peut vivre bien

    • rama ba

      Un papier d’un intellectuel pertinent et équilibré. Bonne analyse.

  • Adama

    Machallah sa xalat amnasolo
    Sénégal pays de la teranga yalla Naniou yalla defal diam te bolle xolyi niou dorendo xathieundo nio bok Rewmi Naniou wakhtan .

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