Déclaration de Mankeur Ndiaye au Conseil de Sécurité, sur la situation au Moyen-Orient

Déclaration de Mankeur Ndiaye au Conseil de Sécurité, sur la situation au Moyen-Orient

Voici la déclaration de Mankeur Ndiaye, ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur au Conseil de Sécurité, ce mardi 26 janvier, à l’occasion du débat public sur la situation au Moyen-Orient, y compris la Palestine.

Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies,

Monsieur le Président du Conseil de Sécurité, Son Excellence Monsieur Rodolfo Nin NOVOA, Ministre des Affaires étrangères de l’Uruguay,

Excellences Mesdames, Messieurs le Ministres,

Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs,

Chers invités,  

Prenant la parole pour la première fois devant cette auguste instance depuis que le Sénégal a été investi de la confiance de l’Assemblée générale, comme membre non permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies, je voudrais réitérer notre sincère gratitude aux Etats membres de notre Organisation pour cette marque de confiance que nous mesurons à sa juste valeur. C’est la troisième fois dans son histoire que le Sénégal intègre le Conseil de Sécurité de l’ONU.

Je saisis également l’occasion pour réaffirmer l’attachement de Son Excellence Monsieur Macky SALL, Président de La République du Sénégal aux idéaux de paix, de sécurité et de justice dans le monde.

Permettez-moi, Monsieur le Président, à l’entame de mon propos, de saluer l’heureuse initiative que vous avez prise d’élever au niveau ministériel ce débat public consacré à la situation au Moyen Orient, y compris la Palestine.

Notre réunion de ce matin se tient encore une fois dans un contexte d’escalade de la violence sur le terrain avec de nombreuses victimes civiles, dont des enfants, y compris dans les territoires palestiniens occupés.

Parlant précisément de la Palestine, l’on y enregistre une multiplicité d’actes de violence, d’intimidation et de provocation dont les moindres ne sont pas la confiscation des terres palestiniennes, la démolition de leurs maisons et une colonisation rampante.

Ces actes sont de nature à attiser la haine et l’extrémisme tant en Palestine qu’en Israël et, par conséquent, à favoriser l’escalade de la violence et de l’insécurité.

En outre, en dépit des condamnations internationales et des décisions pertinentes des Nations Unies, le Peuple palestinien continue de subir un blocus inacceptable à Gaza qui prive les enfants, les femmes, les personnes vivant avec un handicap et les personnes âgées des droits les plus fondamentaux tels que le droit à l’éducation et à la santé.

Il en est de même de la détention arbitraire de nombreux palestiniens, bien des fois par la voie administrative, y compris des mineurs, sans omettre les stratégies de modification démographique, géographique et culturelle de Jérusalem, qui ne font qu’exacerber ce conflit qui dure depuis des décennies.

La réunion d’information sur Jérusalem, tenue à Djakarta, en Indonésie, les 14 et 15 décembre dernier,  à l’initiative du Comité des Nations Unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, en collaboration avec l’organisation de Coopération Islamique (OCI) et le Gouvernement d’Indonésie a, d’ailleurs, attiré l’attention sur le danger de la judaïsation forcée de Jérusalem, ville symbole des trois religions monothéistes.

Cette politique risque de transformer cette crise politique en un conflit religieux aux conséquences incalculables pour toute la Région.

Cette situation dramatique Monsieur le Président, doit heurter notre conscience collective et interpeller à plus d’un titre le Conseil de Sécurité pour qu’il s’acquitte de ses obligations vis-à-vis du peuple palestinien, suivant un calendrier précis et avec le soutien du quartet élargi.

Soixante-dix ans après, le moment est venu, pour notre Organisation, en particulier son instance en charge par essence des questions de paix et de sécurité, de prendre ses responsabilités pour une mise en œuvre effective de ses résolutions devant aboutir, comme ce fut le cas avec l’Etat d’Israël, à un Etat palestinien, à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues et garanties, conformément au plan de partage des Nations Unies.

Il s’agira de relancer les négociations entre israéliens et palestiniens, sur la sur la base d’un calendrier précis pour parvenir à une paix définitive et durable.

Aussi, serait-il indiqué, pour le gouvernement israélien, qui a affirmé à maintes occasions sa volonté de parvenir à une paix durable entre Israéliens et Palestiniens, sur la base de deux Etats, de se pencher sur les opportunités qu’offre l’Initiative de paix arabe, qui préconise au-delà de la Palestine, une paix globale avec tous les pays arabes.

Dans l’intervalle, le Conseil devrait envisager des mesures conservatoires pour faire respecter le statu quo au niveau des lieux saints de Jérusalem sans omettre, la protection internationale du peuple palestinien.

A cet égard, le Sénégal soutient la proposition française de déployer des observateurs internationaux pour contribuer à faire baisser les tensions.

Le Sénégal invite les acteurs politiques palestiniens, en l’occurrence le Fatah et le Hamas, à s’inscrire dans la dynamique de l’Accord du Caire pour taire leurs dissensions internes et œuvrer à la formation d’un Gouvernement d’unité nationale, à même de faciliter la relance du processus politique avec l’Etat d’Israël.

Mesdames, Messieurs, 

Je voudrais saisir l’occasion pour rappeler l’urgence qui s’attache à la reconstruction de Gaza et par voie de conséquence lancer un appel afin que les engagements à hauteur de 4 milliards de dollars souscrits dans ce cadre, notamment lors de la conférence des donateurs tenue en 2014, au Caire, en Egypte, soient honorés.

Il en est de même de la nécessité, pour la Communauté internationale, de poursuivre les efforts pour doter l’Office de Secours et de Travaux des Nations Unies (UNRWA) de moyens conséquents pour lui permettre de poursuivre son action indispensable en faveur des millions de réfugiés palestiniens au Moyen Orient, en particulier dans le domaine de l’éducation et de la santé.  

Mesdames et Messieurs, 

Le Sénégal encourage et soutient le Gouvernement palestinien dans sa stratégie visant à intégrer les Organisations et Conventions internationales, pour parvenir à une paix définitive avec Israël, sur la base du droit international et suivant une approche pacifique.

Les avancées enregistrées par l’Etat de Palestine sur le plan international, telles que sa reconnaissance par 136 pays, la présence, depuis le 30 septembre 2015, de son drapeau aux Nations Unies ou encore l’adhésion en 2015 au Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) sont à saluer.

Notre conviction est qu’une solution au conflit israélo-palestinien, sur la base de deux Etats, la Palestine avec Jérusalem-Est comme Capitale, et Israël, vivant côte à côte, favoriserait une meilleure prise en charge des défis sécuritaires et socio-économiques qui se posent au Moyen Orient, où le terrorisme et l’extrémisme violent progressent dangereusement au point de devenir une menace à la paix mondiale.

Mesdames, Messieurs, 

Avant de clore mon propos, je voudrais reprendre cette observation du  Président Macky SALL, Président du Sénégal, dans son message du 29 novembre 2015, à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien.

Je le cite : « La violence, sous toutes ses formes n’est ni acceptable ni supportable. Et l’état de belligérance n’est certainement pas la condition humaine normale. La solution pacifique est le seul destin que méritent les populations Palestiniennes et Israéliennes, comme d’autres peuples ayant pu mettre fin à leur dispute par le dialogue ». Fin de citation !

Sur cette base, le Sénégal, fidèle à ses principes et orientations, continuera d’œuvrer, pour que le dialogue et la concertation soient privilégiés pour parvenir à une solution à deux Etats, notamment dans le cadre du Comité précité que notre pays s’honore de présider depuis sa création il y a quarante ans.

              Je vous remercie de votre attention.

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