Dakar accueille une consultation régionale sur les droits humains et l’afroféminisme

Le Réseau des Femmes Leaders pour le Développement (RFLD) a ouvert, lundi à Dakar, une session de consultation et de formation dédiée au renforcement de la protection des défenseurs des droits humains en Afrique, dans le cadre du projet « Initiative Afroféministe pour le Développement des Droits de l’Humain en Afrique » (AIHRDFWA). La rencontre, qui se tient sur trois jours, réunit organisations de la société civile, activistes et représentants institutionnels de plusieurs pays du continent.

L’objectif affiché est clair : renforcer les capacités des défenseurs, en particulier des femmes et des filles, partager des stratégies de plaidoyer, aborder les défis de sécurité et de protection, et consolider la collaboration entre OSC et institutions étatiques.

Le professeur Rémi Ngoi-Lungbu, rapporteur spécial sur les défenseurs des droits humains, souligne le sens de cette démarche :

« Il s’agit d’une consultation régionale, un dialogue permettant à la Commission africaine d’échanger avec les organisations de la société civile en Afrique. »

Pour lui, la situation des droits des femmes demeure préoccupante sur le continent :

« C’est une situation qui nécessite beaucoup plus d’attention. Les femmes sont les premières défenseures des droits humains. La défense des droits commence dans nos familles avant de s’exprimer dans l’espace public. »

Il regrette cependant un écart persistant entre discours et réalité :

« Il y a plus de complaintes que d’acquis. C’est comme la tapisserie de Pénélope : ce qui est construit le jour est détruit la nuit. »

La documentation des violations reste, selon lui, un défi majeur :

« La situation des femmes défenseures n’est pas sur le meilleur tableau du continent. Documenter les violations est difficile, mais indispensable. »

De son côté, Mouhamed Mabassa Fall, représentant de la FIDH auprès de l’Union africaine, souligne la gravité des conflits en cours :

« Les droits de l’homme sont violés dans toutes les sous-régions : Ouest, Sud, Nord… Le Soudan est en guerre, le Congo est en guerre, le Mali aussi. Le continent souffre. »

Il rappelle que les femmes sont les premières victimes des violences :

« Les femmes, majoritaires en Afrique, sont utilisées comme armes de guerre par les belligérants de tous les camps. Je n’absous personne. »

Pour lui, le rôle des défenseurs, y compris les journalistes, est crucial :

« Le grand mérite des défenseuses et défenseurs, c’est l’obstination du témoignage. »

L’atelier permet ainsi un dialogue direct entre société civile et États, un élément clé du système africain de protection des droits de l’homme :

« La Commission est un espace de dialogue. Nous témoignons devant les États, et ils répondent. C’est cela la valeur ajoutée du système africain. »

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