Crise au Mali: « Une refondation philosophico-politique est incontournable, mais… » (Par Mohamed Ly)

La crise politique et institutionnelle au Mali, doit mener à de profondes réflexions sur les concepts et perceptions que nous avons de la République, de la démocratie et de leurs composants. Tel est l’avis de Mohamed Ly

Voici in-extenso son post 

L’Afrique de l’Ouest vit un moment déterminant à l’heure actuelle. De la crise malienne et du dénouement du contexte politique en Guinée, en Cote d’Ivoire et en Mauritanie entre autres dépendront, la stabilité et l’essor économique et social de nos Etats Ouest africains.

Nous avons une communauté de destin en Afrique de l’Ouest qui est une réalité indéniable. Donc notre intérêt pour ce qui se passe au Mali revêt plusieurs aspects: c’est un peuple frère (siamois, comme j’aime à le dire), un intérêt démocratique, diplomatique, une préoccupation sécuritaire et des enjeux économiques determinants pour nos pays. Le Sénégal en tête mais aussi le Ghana, le Nigeria et tous les autres pays de la CEDEAO.

Au delà de ces aspects, se pose une réelle question conceptuelle et endogène sur la démocratie et sur les concepts comme : Etat, auto-determination d’un peuple, rôle de l’armée en République et pertinence de nos institutions.

Je n’ai pas de réponses toutes faites sur toutes ces questions, mais nous avons de la matière pour des réflexions fécondes pour ce que nous vivons. Peut-être qu’on devra déterminer et redéfinir nos concepts et philosophie en science politique de façon endogène en prenant compte de nos pratiques politiques, notre histoire, notre sociologie et de notre rapport avec le pouvoir. Nous ne pourrons plus rester sur des concepts importés et sur l’école constitutionnelle de la 5e République française comme la plupart de nos pays.

Une refondation est possible, souhaitable voir incontournable. Pas une refondation revendicatrice et identitaire, mais plutôt une refondation philosophico-politique qui nous assurera une durabilité de nos institutions et un fonctionnement « républicain » qui n’exclura pas forcément le rôle de nos armées longuement cantonnées peut-être à tort à des grandes muettes.

Cette réflexion doit traverser nos classes politiques, nos sociétés civiles, la citoyenneté active. Cette réflexion doit être sérieuse, profonde et menée sur le long terme.

Avec du sérieux, nous serons capables de grandes et belles révolutions déterminantes et avec détermination pour l’essor de nos sociétés. Quand on voit le M5 du Mali considérer le coup d’Etat militaire comme l’aboutissement de leur action. Si les militaires réussissent une transition efficace et vertueuse. Ceci fera donc école. La science Politique en sera interrogée.

Mohamed Ly

President du Think tank IPODE (Innovations Politiques et Démocratiques)

 

 

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