Covid-19 : Que les virus de l’indiscipline, du maatay, ne rongent le Sénégal*

Paix sur vous et tous contre le COVID-19. Quelques réflexions sur nos attitudes et comportements face au COVID-19

Les décisions en matière de santé publique sont du ressort de l’Etat, contester cela ou ne pas s’y conformer contribue à fragiliser tout le pays en ce que personne ne sera responsable des mesures à prendre pour freiner la progression du COVID-19

C’est à l’Etat et le personnel de santé qualifié en matière de prévention et de gestion d’épidémie qui ont les données requises pour évaluer l’état d’évolution du COVID-19 sur l’ensemble du territoire, de prendre les mesures lutte qu’ils jugent appropriées

Aucun autre citoyen y compris une autorité religieuse ne doit se substituer au rôle de l’Etat et de ses services en minimisant les risques, si tant est-il qu’ils les connaissent, auxquels sont exposés les populations par le bias d’expressions fatalistes du genre « egagouniou founiouy defé lii Wala tere lelé »

 Les décisions de l’Etat conformes au consensus des experts…

La décision de réduire ou interdire les rassemblements publics de toutes sortes prise par l’Etat du Sénégal à ce sujet sont conformes au consensus des experts du monde entier en en matière de lutte contre les épidémies

Les rassemblements d’ordre religieux notamment musulman sont concernés par le le même risque que pour les autres sinon pourquoi le prophète (saws) a-t-il interdit de se rendre dans la localité en cause et d’en sortir ? Pourquoi a-t-il demandé une délégation touchée par une maladie de rester aux alentours de Medine ?

Ceux et parmi eux des imams ou oustaz qui disent que c’est pas le moment de suspendre les prières dans les mosquées peuvent-ils nous dire ce sera quand le moment ? Est-ce eux qui ont les données, qui les analysent et qui vont mettre en place les moyens et le personnel pour faire face à un certain stade de l’épidémie que l’Etat et les experts redoutent.

Ne voient-ils pas comment les capacités du système de santé de pays qui nous dépassent de loin dans ce domaine sont en train d’être mises à rude épreuve ? Ne voient-ils pas les morts partout dans le monde y compris les pays musulmans ?

Les jurisconsultes musulmans savent qu’il suffit qu’il y ait un risque ou une crainte (khawf) d’un dommage notamment en santé ou en sécurité pour ne pas aller à la mosquée et prendre et qu’il vaut mieux prendre des précautions (ihtiyat) pour l’anticiper, le prévenir et non d’attendre qu’il se concrétise.

C’est ainsi que le prophète a donné l’ordre au muezzin de lancer « sallû fî buyûtikum » (priez dans vos maisons). N’est-ce pas étonnant alors d’entendre dire que c’est dans les mosquées qu’il faut venir vaille que vaille pour prier et faire des invocations contre le COVID-19 ? C’est le dernier rempart ! Ils en savent plus que le messager de Dieu qui a empêché les musulmans de venir dans la maison de Dieu !

C’est ainsi que le Calife Oumar n’est pas entré dans la localité où il y avait une épidémie. Ce qui contredit les fatalistes qui veulent légitimer leur opposition à ladite suspension au prétexte que c’est Dieu qui donne la maladie ou en préserve qui Il veut !

En effet, ce genre de posture remet en cause alors le principe même de prévention, de précaution et de prudence consacré dans les enseignements de l’islam. Les oulémas et jurisconsultes le savant. C’est cela qui ressort des fatwas des sommités et institutions de Fiqh du monde musulman sur la réponse au COVID-19. Leurs fatwas sont contestés par des gens au Sénégal qui disent avoir terminé le « lakhdari » et autres manuels du même registre voire même pas !

La suspension des prières dans les mosquées ne remet en cause la prière elle-même

D’un enjeu de prévention et/ou de lutte pour freiner la propagation du COVID-19, certains ont versé dans la surenchère, allant jusqu’à parler de trahison, de soumission à un agenda maçonnique, etc, sans parler des imposteurs et arnaqueurs de tout acabit qui en profitent pour berner les incultes et autres esprits naïfs

Personne et de surcroît les Imams et chefs de communautés confessionnelles ne devrait contribuer de près ou de loin à ce qui pourrait faire sombrer ce pays dans le chaos car, le cas échéant, que Dieu nous en préserve, personne ne peut dire qui en échappera et dans quoi se retrouvera celui qui en aurait échappé

Il y a des situations dans lesquelles, le droit islamique laisse au musulman l’option de faire sa propre évaluation et de prendre sa propre décision. Je crois que nous en sommes à cette phase. Qui trouve une mosquée ouverte peut s’y rendre à ses risques et périls, et qui ne veut pas n’a qu’à faire ses prières chez lui ou ailleurs.

Rien dans la suspension des prières dans les mosquées ne remet en cause la prière elle-même ou les invocations (nianes) ou toute une panoplie de pratiques cultuelles enseignées par l’islam. Par principe et conformément au hadith connu, toute la terre est un lieu de prière.

Pour finir, répétons-le encore, il revient à l’Etat de prendre toute mesure qu’il juge utile pour lutter contre le COVID-19 dans notre pays, il doit mettre toutes les options sur la table et rien que pour la protection des populations selon les moyens à disposition dans une demarche d’équité territoriale et sociale et aussi d’inclusivité

Il revient au citoyen d’être responsable et de respecter les mesures édictées par l’Etat et ses différents démembrements et services. En cela, il se protège et protège les autres du COVID-19

Faisons en sorte que les virus du désordre, de la défiance, des fake news, de l’indiscipline, du garaawoul, du maatay, et autres ne rongent le corps et l’esprit de notre peuple pour créer un terrain favorable au COVID-19

wa Salam
*Imam Ahmad Kanté

3 COMMENTAIRES
  • fall

    Tu nous saoules à la fin ! Tu es plus dangereux que ce virus ….arrête de te propager toujours au devant de l’actu …fais toi rare tu seras plus audible ishhhhhhhh !

  • charles

    IGNORANT MON CHER FALL.
    IL FAUT REGARDER AU TOUR DE SOI MEME POUR AU MOINS SAVOIR CE QUI S’Y PASSE.
    DES CROYANCES AVEUGLES AU SENEGAL.

  • Habib

    Didier Raoult, né le 13 mars 1952 à Dakar au Sénégal, est un infectiologue et professeur de microbiologie français spécialiste des maladies infectieuses tropicales émergentes à la faculté de médecine de Marseille.

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