Corruption, diplomatie de la mendicité, franc-maçonnerie … : Les vrais maux de l’Afrique

Le forum ‘’Où va l’Afrique ?’’, initié par Semfilms Burkina et Studio Sankara, hier mercredi, à l’Ucad II, dans le cadre du Festival Ciné Droit Libre, a été riche en enseignements et profond en réflexion sur les facteurs bloquant l’émergence de l’Afrique. Avec des panélistes de grande renommée, à l’image d’Aminata Dramane Traoré, sociologue et essayiste malienne, Doumbi Fakoly, historien, spécialiste des traditions africaines et Didier Awadi, musicien rappeur, l’assistance a eu droit à un tableau sombre de la destinée du continent noir.

Failles du système politique et économique

Selon Aminata Dramane Traoré, sociologue, non moins co-auteur du livre, ‘’La gloire des imposteurs’’, avec le journaliste et écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop, «les donneurs de leçons sont incapables de donner des réponses au défis du siècle, c’est-à-dire à l’emploi». A l’en croire, le système économique mondiale ne crée pas d’emploi, mais plutôt il oblige les gens, surtout en Afrique, à se lancer vers des horizons incertains. Elle croit dur comme fer que «c’est cette ordre économique mondiale cynique qui continue de saigner l’Afrique à blanc, alors que le débat politique ne nous donne pas encore de savoir dans quoi nous sommes». Ainsi, a-t-elle trouvé que la question de «où va l’Afrique?» est relative à la nature du politique, de même que de l’économie.

«Nos chefs d’Etat sont des mendiants assis sur des richesses»

Abondant dans le même sens et ne faisant pas dans la dentelle, Doumbi Fakoly, spécialiste des traditions africaines, a estimé que l’Afrique est devant un mur clairement identifié par les dirigeants. A l’en croire «ce mur a pour nom le franc Cfa, la diplomatie de la mendicité, la franc-maçonnerie, la corruption». S’attaquant au franc Cfa, Doumbi Fakoly a indiqué que c’est «une vraie douleur, un vrai obstacle», car selon lui, les 50% des recettes d’exportation des pays de la zone Cfa sont déposés dans un compte dit compte d’opération au trésor en France. Par rapport à la diplomatie de la mendicité, il soutient mordicus que les dirigeants «se sont fait une fixation sur l’argent». Ce qui l’amène à convoquer les propos d’un de ses amis de la Rdc, qui disait que «Nos chefs d’Etat sont des mendiants assis sur des richesses». Selon lui, les leaders occidentaux sont «de vrais patriotes parce qu’ils pensent à leur jeunesse, contrairement aux nôtres».

Pour en venir à la Franc-maçonnerie, il a trouvé que cette secte cherche vaille que vaille à mettre les membres de sa loge à la tête des Etats, dans le but «d’ériger un gouvernement mondial unique». Pour lui, la question de la corruption touche l’ensemble du système et que si un de ses maillons est inquiété, avec une justice indépendante, tous les autres y passent.

Jamais de rupture au Sénégal

Pour sa part, Didier Awadi, rappeur sénégalais, a trouvé que les peuples, ainsi que les dirigeants africains, n’ont pas la volonté, ni le courage de faire une révolution. Prenant l’exemple du Sénégal, il a indiqué qu’il n’y a pas eu de révolution car le peuple a choisi une personne «née dans le système et qui se proposait de continuer le système». Sur ce, il a trouvé «qu’il y a eu des manifestations, il y a eu une victoire contre le troisième mandat de Wade, mais jamais de révolution».

La culture : la voie salvatrice pour l’Afrique

Pour sortir l’Afrique des eaux troubles dans lesquelles elle se trouve depuis les indépendances, les panélistes sont restés unanimes sur le fait que le continent a besoin de se ressourcer, de faire appel à la culture. Aminata Dramane Traoré a proposé «une autre Afrique, une autre démocratie, une autre émergence, mais par les peuples éclairés et imprégnés de ces réalités nouvelles qui malheureusement continuent d’échapper à la majorité». Une approche que partage Vieux Savané journaliste, Directeur de Publication de Sud quotidien. A l’en croire, «il faut s’adosser à la culture». Une question qu’il a jugée «transversale», car selon lui, «il n’y a aucune société qui ne puisse pas ne pas s’adosser sur sa culture pour aller véritablement de l’avant»
Pour lui, « il faut que nous puissions nous soustraire à toute logique de victimisation et que nous sachions que l’Afrique, telle qu’elle est aujourd’hui, le Sénégal, tel qu’il est aujourd’hui, c’est une Afrique et un Sénégal qui portent notre visage».

FORUM ‘’OU VA L’AFRIQUE’’ A L’UCAD – Le prêche dans le désert

Le Forum ‘’Où va l’Afrique ?’’, initié par Semfilms Burkina et Studio Sankara, organisé hier mercredi, à l’Ucad II, dans le cadre du Festival Ciné Droit Libre, s’est illustré par une absence criante des étudiants. Un désintérêt de la part de la jeunesse face une question relative aux destinées du continent qui a inquiété plus d’un.

La salle de conférence de l’Université Cheikh Anta Diop II (Ucad II) était trop grande, hier mercredi, pour les participants au forum initié par Semfilms Burkina et Studio Sankara, dans le cadre du Festival Ciné Droit Libre. En effet, elle était quasi vide d’étudiants pour un thème, ‘’Où va l’Afrique’’, si important, traitant des destinées de l’Afrique pour les générations futures. Déplorant cette absence Vieux Savané, journaliste et Directeur de Publication de Sud quotidien s’est interrogé : «est-ce que l’Afrique peut aller quelque part en s’adossant à ce qui semble ressembler à une défaite de la pensée». Il dit ne pas comprendre qu’une réflexion aussi importante rencontre la désaffection totale des étudiants, qui ne sont pas présents. A l’en croire «il y a un certain nombre de questions fondamentales qui nous interpellent aujourd’hui, au regard de l’absence de cette jeunesse».

Même son de cloche pour Doumbi Fakoly, panéliste, historien, spécialiste des traditions africaines. A l’en croire, c’est scandaleux que les jeunes ne s’intéressent pas à la culture, laquelle détermine tout. Ainsi, a-t-il proposé que la jeunesse commence par lire les œuvres des figures emblématiques de l’Afrique, notamment Cheikh Anta Diop, Aimé Césaire, etc.

Dans la même dynamique, Moussa Dembélé,économiste, de même qu’Abdoulaye, participants au forum, ont pour leur part trouvé anormal que les jeunes ne veuillent pas venir écouter et comprendre les problèmes qui maintiennent le continent dans la misère et la dépendance. Au nom de tous les étudiants, et de toute la jeunesse, Abdoulaye a demandé pardon aux panélistes ainsi qu’à l’assistance, pour ce désintéressement de ceux à qui le forum était destiné.
Par ailleurs, il a été reproché aux organisateurs une insuffisance de communication pouvant drainer le maximum de monde dans la salle.

Sudonline.sn

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