« Communication gouvernementale, quand la structure ne suit plus … »*

Ce n’est pas que le gouvernement ne communique pas ou communique mal, c’est tout simplement que la Structure – Benno Siggil Senegal (BSS) – n’est plus adaptée à la circonstance et aux nouveaux enjeux

En termes de Management de la Très Haute Performance (MTHP), la Structure suit la Stratégie. C’est après avoir défini et arrêté votre Stratégie que vous mettiez en place la Structure la plus à même de porter avec efficacité et efficience, votre Stratégie. Pour une mise en œuvre réussie. Et c’est là, toute la difficulté pour le président Macky Sall, parce que sa Structure actuelle – Benno Siggil Sénégal (BSS) – n’est plus en phase avec sa nouvelle Stratégie de Communication.

Benno Siggil Sénégal était la structure (parfaite à l’époque) de la Stratégie de Communication de l’Offre, parce que son candidat de l’époque, Macky Sall, ‘’voulait le pays’’. Dans cette approche, nous sommes dans le registre des promesses, des largesses, des déclarations, des intentions et des professions de foi. Nous sommes, sous ce rapport, dans le registre de la déclamation de ce que nous comptons et allons faire. C’est ce qu’on appelle en Management de la Très Haute Performance, le temps de la Pédagogie active, le temps de la Pédagogie explicative. C’est cette Stratégie-là, qui avait comme Structure et réceptacle de mise en œuvre, Benno Siggil Sénégal, qui a fini pour ‘’balayer le président Wade’’.

De 2012 à 2018, le régime, à la faveur de la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent (2014), était encore dans la Stratégie de la Pédagogie active et de la Pédagogie explicative et pour cela, rien de tel qu’une Structure comme Benno Siggil Sénégal (BSS), pour porter cette Stratégie de la double pédagogie. Et BSS a pleinement joué son rôle et a très bien fonctionné.

Seulement, de 2012 à 2018, en termes de Stratégie de Communication, le régime était dans la Stratégie de la Communication de l’Offre. Il fallait donc faire, dérouler, exercer, piloter, gouverner et évaluer. Comme on disait, ‘’donnez nous le pays, oui on peut. On vous a donné le pays. Maintenant……. peut’’, pour parler comme nos frères ivoiriens.

Et c’est là où réside toute la difficulté de l’exercice qui est celle de la Transition en Communication stratégique, un chapitre du Management de la Transition et du Changement. Le chef de l’Etat veut changer complètement de Stratégie de communication – en adoptant lui même et en faisant adopter à ses partisans -, la Stratégie de la Communication par l’Action, la Stratégie de la Communication démonstrative -, tout en gardant une Structure – Benno Siggil Sénéga l- qui n’est plus adaptée à cette nouvelle ligne de communication.

D’une Stratégie de Communication de l’Offre en 2012, doit succéder une Stratégie de Communication pour la Demande en 2019, parce que dans l’intervalle, le Demandeur a reçu ce qu’il demandait (le pays) depuis 7 ans et ses différents gouvernements mis en place, ont pris des initiatives et mené des actions sur sa Vision et sous son autorité. Et qui a donné des résultats probants même si tout n’est pas rose…

D’une Structure – Benno Siggil Sénégal – qui a grandement et efficacement porté la Stratégie de Communication de l’Offre (du candidat et du premier mandat), devrait être remplacée par une toute nouvelle Structure – La Nouvelle Majorité Présidentielle –  pour porter efficacement la (nouvelle) Communication gouvernementale – celle de la Communication pour le Demande (pour parler du bilan du premier mandat et pour parler du Programme du deuxième mandat ‘’5-3-5’’).

En définitive et à y regarder de plus près, ce n’est pas que le gouvernement ne communique pas ou communique mal, c’est tout simplement que la Structure – Benno Siggil Senegal (BSS) – n’est plus adaptée à la circonstance et aux nouveaux enjeux. BSS fut une Structure appropriée pour porter la Stratégie de Communication de la Pédagogie active et explicative dont la séquence temporelle a commencé en 2012 et a finit en 2019. BSS n’est plus appropriée pour porter la Stratégie de Communication de la pédagogie par l’action et la pédagogie prospective dont la séquence temporelle commence en 2019 et finit en 2024. Surtout que l’APR (ses militants), a fini d’occuper tout l’espace au BSS, tout en se la jouant en solitaire et par mise à côté des autres militants de partis qui composent BSS. Ce sont souvent, les mêmes (de l’APR) qui parlent, souvent c’est le même ordre du discours de 2012 à 2019, si bien que le discours n’est plus appétissant, n’est plus mobilisateur et très lassant et décourageant.

L’APR a fini de phagocyter BSS qui lui même, phagocytose la communication gouvernementale et BSS est en retard de 5 ans, sur les réponses qu’il apporte aux questions qui lui sont posées. Parce que BSS subit sa communication. Parce Que BSS n’est plus acteur de sa propre communication. Parce Que BSS est rebelle et séparatiste envers et contre les nouveaux soutiens et nouvelles amitiés du président Macky Sall. Parce que BSS est dans la communication réactive, dans la communication de riposte au sens médical du terme, dans une communication défensive. En termes de communication, BSS n’est plus dans la Stratégie et dans la Tactique, mais dans les manœuvres et les opérations…. Oubliant peut-être que c’est en temps de paix que l’on prépare la guerre parce que quand c’est urgent, c’est déjà trop tard.

Le président veut changer de paradigme dans l’angle d’approche de la Communication de son gouvernement, sans pour autant, dans le même temps et sous le même rapport, ne pas changer et faire évoluer la Structure qui doit porter sa nouvelle Stratégie, ou du moins, pour le moment. N’est-ce pas que faire de la campagne électorale, c’est faire de la poésie. Mais gouverner, c’est faire de la prose. Pour la communication du gouvernement, le temps de la poésie semble être déjà vécu (2012-2019). Place à la Prose, en termes de communication gouvernementale, sur la période 2019-2024.

Siré Sy, président du Think Tank Africa WorldWide Group

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