Banlieue de Dakar : et si les drones militaires devenaient une solution contre l’insécurité ?

Entre le cadre bâti et le milieu social des banlieues Senegalaises, qu’est-ce qui favorise réellement l’insécurité urbaine ?

Selon les travaux de recherche du Lieutenant-Commander Seydina Soumaré, « Défis sécuritaires au Sénégal : Préservation d’une stabilité légendaire ou miraculeuse », quinze (15) crimes ont été enregistrés dans la banlieue dakaroise et vingt (20) à Thiès (enquête du journal L’Observateur, 2018), sans compter les milliers d’agressions et de vols commis quotidiennement dans les grandes banlieues. Ces incidents criminels sont-ils favorisés par des causes structurelles et sociales, telles que le manque de perspectives économiques et l’absence d’espoir de progression sociale, ou par une géographie urbaine susceptible d’être criminogène ?

En effet, l’insécurité dans les villes est souvent attribuée au sous-emploi ou au chômage. Comme dans de nombreux pays africains, le Sénégal possède une jeunesse démographiquement majoritaire mais socialement marginalisée. Le RGPH-5 (ANSD, 2023) confirme cette réalité en soulignant une forte proportion de jeunes inactifs (NEET), représentant 46,8 % des 15-24 ans. Cependant, au-delà de la question de l’emploi, la configuration architecturale et urbanistique de la banlieue constitue également un facteur déterminant qui favorise l’insécurité urbaine.

La banlieue est un territoire marqué par la ghettoïsation, l’existence de quartiers défavorisés et des difficultés d’accès aux services sociaux de base essentiels, notamment les infrastructures de sécurité. Elle est également confrontée à un réel problème de planification urbaine. L’occupation anarchique de certains lieux publics à des fins commerciales ou de loisirs attire de grandes affluences de personnes inconnues, parfois en transit, susceptibles de commettre des actes d’incivilité. Le surpeuplement notoire, sans contrôle des flux d’entrées et de sorties, constitue également un facteur contribuant à l’insécurité. Les études de l’ANSD confirment une moyenne de 10 à 12 personnes par ménage, contre 5 personnes par ménage au centre-ville. Ainsi, la géographie de la banlieue, caractérisée par une forte densité de population et une faible présence d’infrastructures de sécurité, crée un terrain propice à la criminalité.

Selon les Nations Unies, la norme en France et dans d’autres pays africains est d’un (01) policier pour mille (1 000) habitants. Ainsi, pour un département comme Keur Massar, qui compte 793 876 habitants (ANSD, 2025), il faudrait 793 FDS pour atteindre ce ratio, tandis que pour Pikine, avec une population de 386 979 habitants, 386 FDS seraient nécessaires. Les documents de planification urbaine, notamment le PNADT et le SDAU Dakar–Mbour–Thiès, doivent donc prendre en compte la dimension sécuritaire dans la mise en œuvre des projets d’aménagement du territoire afin d’apporter des réponses efficaces face aux défis sécuritaires dans les banlieues sénégalaises.

Dans un contexte où ce ratio est loin d’être atteint, ne faudrait-il pas repenser la sécurité au niveau des banlieues, particulièrement celles de Dakar ? Face à une croissance urbaine fulgurante, la sécurité de voisinage, de cité, de proximité ou encore municipale est-elle réellement efficace ? Ne devrait-on pas désormais intégrer la technologie géographique dans la surveillance des grands quartiers de banlieue et de certains espaces publics susceptibles d’être criminogènes, notamment à travers l’utilisation de drones militaires, afin de lutter plus efficacement contre l’insécurité urbaine ? En effet, les drones militaires, grâce à leur vision en hauteur, permettent de détecter des mouvements suspects, de repérer des points de deal, de traquer systématiquement les criminels ou agresseurs, tout en sécurisant les interventions des FDS, souvent exposées au danger.

Cheikh Ahmed Fadel Diouf
Diplômé du CHEDS et formateur en aménagement du territoire.

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Un commentaire

  1. Mamadou Lamine Diop

    Dans un pays où les casernes de police, de gendarmerie et de sapeurs pompiers n’ont pas d’essence. Dans un pays où tout les scanner médicaux sont en pannes sauf celui de Touba où il faut attendre 6 mois avant d’avoir un rendez-vous quelqu’un veut acheter des drones pour mailler et surveiller le territoire Sénégalais par les airs.

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