Amadou reconduit PM : Aventure risquée ou calcul Mackyllé ?

Sans doute beaucoup de Sénégalais avertis ont tiqué suite à la décision de Macky Sall de reconduire Amadou Bâ comme Premier ministre. Un Amadou Bâ qui s’apprête à livrer sa plus grande bataille électorale, la Présidentielle de février 2024.

Le Président de la République, Macky Sall, a mis fin, par décret vendredi, aux fonctions des ministres, membres du Gouvernement. Et a décidé de mettre en place un nouveau Gouvernement, sous la direction du Premier Ministre Amadou Bâ.

Sous d’autres cieux, on parlerait d’un homme envoyé au front, voire au charbon sans munitions, face à des loups aux dents longues. Ceux qui pensaient que l’impréparation de sa désignation comme candidat de Apr/Bby allait être compensée par une mise en réserve du gouvernement de Amadou vont déchanter.

On a l’habitude de rabâcher qu’une Présidentielle se prépare pour le candidat, au moins deux ans. Amadou n’a même pas fini d’être dans les starting-blocks pour prendre son élan, voila qu’il est chevillé de nouveau au Gouvernement pour les mois qui nous séparent de février. Les charges, c’est une certitude, vont l’empêcher de s’envoler vers les militants, vers les Sénégalais.

Et nommer un Premier ministre dont le seul et l’unique désir est d’entrer immédiatement en campagne électorale, ce serait manqué aux obligations régaliennes de l’Etat. S’il coordonne, comme il se doit, l’action du Gouvernement, la coalition Présidentielle risque d’en pâtir et perdra du terrain, car nul mieux que lui, ne peut aller à la pêche aux voix.

A moins que son mentor lui laisse le soin de briefer les ministres pressentis des attentes nourries à leur endroit par le Président Macky Sall, avant de débarrasser le plancher. Et en charge pour Macky Sall,  d’être seul maître à bord, d’ici février, cumulant le poste de Premier ministre. Ou annonçant une prochaine révision de la Constitution portant suppression du poste de Premier ministre.

En 1968, M. Pompidou,, démissionnaire du poste de PM, était placé en réserve de la République par le général de Gaulle. Le temps de préparer la succession du Général qui a accepté sa démission. Mesurant ainsi ce qu’a été le poids de sa charge à la tête du gouvernement pendant six ans. Il a été élu en juin 1969 à la présidence de la République française.

Le Président Abdou Diouf s’était essayé à l’exercice, en remplacement de Habib Thiam, nommant et gommant Moustapha Niass, qui a conservé le ministre des Affaires étrangères,  en 1983, au poste de Premier ministre.

Si tant est que la formule magique de Macky prospère, l’Apr/Bby risque d’aller vers une aventure périlleuse où une poule aurait du mal à reconnaître ses poussins.

Le Gouvernement sera t-il remanié largement ? Pour d’aucuns, le temps serait  trop court pour permettre aux nouveaux  de prendre leurs quartiers. Reconduire les gros électeurs représentatifs des 14 régions du Sénégal serait la conduite à adopter, et de pourvoir les départements vacants (Sport, Elevage, Agriculture etc.). Un gouvernement de campagne électoral où tout technocrate pur jus n’aura pas sa place !

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