Allemagne : Plus de 30 ans après les attaques de Solingen, l’ombre du néo-nazisme demeure

L’Allemagne commémore le 29 mai 1993, date où cinq jeunes filles et femmes d’origine turque ont perdu la vie à Solingen, une ville près de Cologne. Ces tragiques décès sont survenus après que des néo-nazis ont incendié la maison de la famille Genç. Initialement, leur unique « crime » résidait dans le fait d’être d’origine turque.
Le climat d’insécurité et de violence contre les migrants se poursuit, comme l’explique Farid Hafez, chercheur principal à The Bridge Initiative. D’autres villes allemandes, telles que Hoyerswerda, Rostock-Lichtenhagen et Mölln, ont également connu des attaques massives contre des foyers de réfugiés durant les années 1990.
Depuis ces événements, les responsables politiques se rendent régulièrement à Solingen pour honorer la mémoire des victimes. Pourtant, le Bundestag, parlement allemand, a longtemps débattu autour de l’asile, dans un contexte de rhétorique anti-immigration croissante.
Durant les décennies suivant la Seconde Guerre mondiale, aucun parti d’extrême droite n’était représenté au parlement allemand. Toutefois, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), nouvellement apparue, défend des discours racistes et a connu un essor significatif lors des dernières élections, devenant la deuxième force du Bundestag.
Cette progression de l’extrême droite n’a pas réduit la violence sous-jacente. En 2024, un rapport du service de renseignement intérieur allemand, l’Office fédéral de protection de la Constitution (BfV), comptabilisait 40 600 extrémistes d’extrême droite, soit environ 2 000 de plus qu’en 2022.
Parallèlement, les infractions à caractère raciste ont augmenté de 39 % pour atteindre 10 400 cas. De même, le nombre d’actes de violence d’extrême droite recensé s’élève à 1 270.
Ces chiffres révèlent que les années 1990 n’ont pas marqué un incident isolé. En témoignent les meurtres par le groupe terroriste Clandestinité national-socialiste (NSU) entre 2000 et 2007 et l’attaque raciste de 2020 à Hanau, qui a fait neuf victimes.
Les dernières décennies ont également vu se multiplier les attaques contre les mosquées en Allemagne, dépassant annuellement les 100 incidents. Cette violence n’épargne pas non plus les partisans de l’immigration, comme l’assassinat de Walter Lübcke en 2019 le démontre.
Enfin, la menace s’étend au-delà, avec des possibles tentatives de coup d’État telles que celles projetées par le réseau Hannibal, fondé en 2015 pour recruter d’anciens agents de sécurité et militaires en vue d’un « Jour X ».
L’État allemand surveille désormais l’AfD via le BfV, désignant le parti comme extrémiste. Cependant, il semble nécessaire, au lieu de chercher à interdire l’AfD, de s’attaquer aux causes profondes de ces soutiens croissants: les lacunes des élites politiques à représenter tous les citoyens et à lutter contre l’exclusion sociale.
* L’opinion exprimée reste celle de Farid Hafez et ne reflète pas forcément la position d’Anadolu, notre source d’information.
Les Gauchistes préfèrent nous parler des Nazis qui sont morts que de L’ÉTAT NAZI actuel. C’est moins dangereux.