Dans le cadre du Forum Africain des Systèmes Alimentaires 2025, le Farmer’s Forum a mis sous les projecteurs un enjeu crucial pour l’avenir de l’agriculture sur le continent : l’accès des jeunes entrepreneurs agricoles aux financements et aux fonds climatiques. Intitulée « Stimuler la croissance : les jeunes, l’accès au financement et le déblocage des fonds climatiques », cette session a rassemblé agriculteurs, décideurs et jeunes innovateurs pour une discussion directe sur les solutions permettant de renforcer les systèmes alimentaires locaux et régionaux.
Les participants ont insisté sur la nécessité d’un accès élargi à différents mécanismes financiers, au-delà des prêts traditionnels. « Les agriculteurs et leurs organisations ont besoin de financements ciblés et adaptés pour investir dans le développement agricole et stimuler la croissance », a rappelé l’un des modérateurs. L’accent a été mis sur les financements spécifiquement dédiés au climat, essentiels pour adopter des pratiques résilientes face aux bouleversements environnementaux et aux changements climatiques.
Les jeunes entrepreneurs de la Fondation Mastercard au cœur de la transformation
La première partie du forum a mis en avant six jeunes entrepreneurs issus de la Fondation Mastercard, venus partager leurs expériences, leurs défis et leurs solutions innovantes. Parmi eux : Ms. Latifa Diedhou de Nutrivie (Sénégal), Mr. Benson Wando (Soko Kijiji, Kenya), Ms. Evelyn Areo (Farm2Fill, Nigeria), Mr. Fatawu Koniamu Bakari (Ghana), Ms. Faith Muhoza (Rwanda) et Ms. Housseynatou Diallo, fondatrice de Bahuman Company (Sénégal).
Chaque jeune entrepreneur a illustré concrètement les obstacles auxquels ils sont confrontés. Pour Latifa Diedhou, le défi réside dans la transformation durable des fruits oubliés et dans la création d’une alternative végétale à la viande :
« Avec Nutrivie, nous sommes engagés pour la transformation durable. Nous valorisons des fruits abandonnés afin de créer une alternative végétale à la viande. Notre objectif est de bâtir une chaîne de valeur beaucoup plus inclusive, en encourageant les producteurs de ce secteur. »
Elle souligne également les difficultés des agriculteurs face à l’accès aux intrants, aux marchés et à l’information, tout en devant faire face aux impacts du changement climatique :
« Souvent, ils ne savent pas quelles solutions adopter face à ces bouleversements. »
Adapter le financement aux réalités agricoles
Pour Housseynatou Diallo, l’un des freins majeurs à l’émergence des jeunes dans l’agriculture est l’inadéquation des financements existants :
« Nous avons des problèmes d’accès au financement dans tout l’UEMOA. Avec les banques classiques, les financements ne sont pas adaptés aux entrepreneurs agricoles, notamment parce que nous avons des produits saisonniers. L’offre de financement n’est pas adaptée à nos réalités. Les taux d’intérêts sont aussi très élevés. Adapter les outils à nos réalités, adapter les taux directeurs, adapter les process administratifs… Si le système financier ne s’adapte pas à nos réalités, ça ne fonctionnera pas. »
Elle pointe un autre obstacle : les démarches administratives trop lourdes pour de jeunes entrepreneurs encore en phase de lancement. « On ne peut pas nous demander de fournir 100 documents alors que nous sommes de tous jeunes entrepreneurs. J’ai l’impression que tout est adapté à ceux qui ont déjà réussi », déplore-t-elle.
Une opportunité pour bâtir des systèmes alimentaires résilients
Les discussions ont convergé vers un constat partagé : fournir aux jeunes et à leurs réseaux les financements adéquats est transformateur. Cela leur permet de bâtir des systèmes alimentaires locaux et régionaux plus solides, résilients et durables, en investissant dans des technologies, des infrastructures, des intrants de qualité et une gestion durable des terres.
La session a également permis de partager des modèles réussis et d’identifier collectivement les voies pour sécuriser les capitaux nécessaires à la croissance agricole. Selon les organisateurs, la participation des jeunes entrepreneurs issus de la Fondation Mastercard à ces discussions est essentielle pour un avenir meilleur, plus résilient et plus rentable, et constitue un levier indispensable pour exploiter pleinement le potentiel économique de l’Afrique.
Le Farmer’s Forum 2025 a rappelé que la jeunesse africaine, si elle est soutenue et bien financée, représente un moteur clé pour la transformation des systèmes agroalimentaires. Les fonds climatiques, les solutions innovantes et l’accès au financement ne sont plus des options : ils sont des instruments essentiels pour un avenir agricole durable et inclusif sur le continent.