L’Algérie a entamé sa campagne vaccinale avec le Spoutnik-V alors que son efficacité est mise en doute et sa compatibilité avec les préceptes islamiques contestée.
Au sein de la population, le scepticisme est de rigueur dès l’annonce de l’arrivée du premier lot, le 28 janvier. Le Premier ministre Abdelaziz Djerad se fait donc injecter le produit devant les caméras au lendemain du lancement de la campagne de vaccination contre le Covid-19, entamée symboliquement dans la wilaya de Blida, premier foyer de la pandémie, le 30 janvier.
La veille, la Commission des fatwas, un organe consultatif religieux, a décrété que « les vaccins disponibles ne contiennent pas de composants interdits par la charia [loi islamique] ».
A en croire Jeune Afrique, le pays a réceptionné un premier lot de 50 000 doses du vaccin russe Spoutnik-V, in extremis, deux jours avant l’expiration de l’échéance fixée par le chef de l’État. Jusqu’à la dernière minute, peu sont ceux qui croyaient en la capacité des autorités algériennes à commencer la vaccination de la population dans les délais fixés par le président Tebboune, en séjour médical en Allemagne.
Spoutnik V efficace à plus de 91%
Selon l’étude publiée par The Lancet et validée par des experts indépendants, le Spoutnik V est efficace à 91,6% contre les formes symptomatiques du Covid-19.
Son développement « a été critiqué pour sa précipitation, le fait qu’il ait brûlé des étapes et une absence de transparence. Mais les résultats rapportés ici sont clairs et le principe scientifique de cette vaccination est démontré », ont estimé les professeurs britanniques, Ian Jones et Polly Roy, dans un commentaire joint aux résultats.
Ces premiers résultats vérifiés d’efficacité corroborent les affirmations initiales de la Russie, d’abord accueillies avec une grande méfiance à l’automne par la communauté scientifique internationale.
Ils semblent classer à ce stade le Spoutnik V parmi les vaccins les plus performants, avec ceux du duo américano-allemand Pfizer/BioNTech et de l’américain Moderna (autour de 95%), qui utilisent pourtant une technologie différente (l’ARN messager).