Ziguinchor : Les traditions diola face aux défis de la modernité

Ziguinchor : Les traditions diola face aux défis de la modernité

Les Diolas de Ziguinchor, une communauté animiste de la région de Casamance au Sénégal, observent des rites funéraires profondément enracinés dans leurs traditions ancestrales. Parmi ces rituels, l’autopsie pratiquée par le mort lui-même constitue une pratique unique. Laurent Sambou, conservateur du musée traditionnel de la culture diola de Mlomp Djicomol, explique : « L’autopsie chez le Diola, c’est le cadavre lui-même qui montre de quoi il est mort. » Cette tradition, appelée « Kassab », contraste fortement avec les méthodes médicales modernes, car elle repose sur des croyances spirituelles plutôt que sur la science.

Dans la conception diola, la mort n’est pas une fin, mais un voyage vers le monde invisible. Les Diolas croient à la réincarnation, et le défunt est perçu comme un autre vivant qui passe dans une nouvelle existence. Lors des cérémonies funéraires, une « interrogation » du mort est menée. Les porteurs du défunt entrent en transe et tournent sur eux-mêmes avec le cercueil, supposément guidés par l’esprit du mort jusqu’aux batteurs de tam-tam. Cette croyance est illustrée par le retour symbolique du défunt pour récupérer ses biens disposés sur un autel protecteur.

Sidaty Danfa, président de l’Association Nord-Sud du village de Soumacounda et d’origine mandingue, observe ces pratiques avec scepticisme. Il confie : « Je suis mandingue, mais je sais que dans les villages traditionnels mandingues ou diolas, la mort n’est jamais naturelle ; il y a toujours un bouc émissaire. » Ses propos reflètent le contraste entre tradition et modernité. Danfa est persuadé qu’une explication scientifique à la mort existe, remettant en question ces pratiques qu’il respectait enfant.

Les interdits connus sous le nom de « nieynieyi » jouent aussi un rôle essentiel. Ousmane Karafa Diatta, conservateur du musée à ciel ouvert de Sangawatt, en décrit les implications. « L’interdit repose sur la discrétion et le discernement […]. Les secrets ne doivent jamais être dévoilés », insiste-t-il. Ces interdits régissent divers aspects de la vie sociale, notamment à travers des rituels initiatiques et des lois sévères contre le vol, dont les répercussions peuvent s’étendre sur plusieurs générations.

Le site de nos confrères Le Quotidien décrit ces pratiques et leur signification culturelle en soulignant l’importance de maintenir les traditions tout en les confrontant au regard critique de la modernité. Ainsi, les Diolas font face au défi de maintenir leur patrimoine culturel tout en naviguant dans un monde qui évolue. Ousmane Karafa Diatta évoque les sanctions qui frappent ceux qui s’écartent de ces règles, soulignant la permanence de ces traditions dans la structuration sociale de la communauté diola.

1 COMMENTAIRES
  • Yeah man !

    S’il y a toujours un bouc émissaire, il est urgent de lire ou de relire René Girard.

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