La guerre en Ukraine continue d’exposer les civils et les militaires à de nombreux défis imprévus. Parmi ces problèmes, l’apparition de bactéries antibiorésistantes représente une menace croissante pour les blessés de guerre.
Les médecins sont confrontés à des infections de plaies causées par ces micro-organismes, qui résistent désormais à plusieurs traitements antibiotiques, compliquant ainsi les soins. Les blessures de guerre, aggravées par des drones explosifs et des tirs d’artillerie, constituent un terrain favorable à la prolifération bactérienne.
Serguiï Kossoulnykov, responsable d’un service de chirurgie, souligne l’ampleur du problème : « Chaque explosion est une plaie ouverte, et chaque plaie ouverte est une infection ». À cause des difficultés d’évacuation sur le front, de nombreux soldats n’ont pas accès à des soins immédiats, et beaucoup arrivent à l’hôpital avec des infections avancées par ces germes résistants.
Pour ces médecins, l’administration rapide d’antibiotiques puissants s’avère souvent nécessaire avant même de connaître la nature précise des bactéries. Cependant, cette approche pourrait aggraver l’antibiorésistance. Kossoulnykov avertit : « Il est impossible d’imaginer tout ça sans une augmentation de la résistance bactérienne ».
Un des aspects troublants est que certains soldats développent une résistance antibactérienne avant même tout traitement hospitalier. « Ils arrivent directement du champ de bataille… C’est incompréhensible », ajoute Kossoulnykov.
Avant le conflit actuel, l’Ukraine souffrait déjà d’un taux élevé de résistance aux antimicrobiens, en partie parce que les antibiotiques y étaient accessibles sans ordonnance jusqu’en 2022. La guerre en cours exacerbe ce problème de santé publique. Pour contrer cette menace, l’Ukraine a considérablement accru la surveillance, passant de trois à cent laboratoires surveillant les bactéries résistantes en quelques années.