Les obligations souveraines du Sénégal libellées en dollars ont enregistré une forte baisse à la suite d’un avertissement du Fonds monétaire international (FMI) concernant la détérioration prévue des finances publiques du pays. Selon des informations relayées par Bloomberg, ces obligations se sont révélées être les plus mauvaises performances dans l’indice Bloomberg des dettes souveraines émergentes et de frontières en dollars. Le rendement des titres arrivant à échéance en 2048 a grimpé de 14 points de base pour atteindre 9,78 %.
Depuis que le président Bassirou Diomaye Faye a annoncé son intention de dissoudre le parlement, dominé par l’opposition, les obligations sénégalaises ont été marquées par une volatilité notable. Vendredi dernier, il a concrétisé cette décision en dissolvant l’assemblée législative, affirmant que ce geste visait à renforcer son pouvoir et à accélérer son programme de réformes. De nouvelles élections législatives sont prévues pour le 17 novembre, a-t-il précisé dans une déclaration publique.
Dans un communiqué publié à la fin de sa mission, le FMI a souligné que l’économie sénégalaise avait ralenti au début de l’année 2024, avec une croissance plus faible que prévu dans des secteurs clés tels que les mines et la construction. Le déficit budgétaire s’est creusé en raison d’une baisse des recettes et d’une augmentation des subventions énergétiques. L’institution financière internationale a mis en avant l’urgence de mettre en œuvre des réformes, notamment en réduisant les subventions non ciblées et en rationalisant les exonérations fiscales, afin de stabiliser les finances publiques et de contenir la dette.
L’année dernière, le Sénégal avait conclu un accord préliminaire avec le FMI pour un soutien financier de 1,5 milliard de dollars destiné à accompagner un programme de réformes économiques.
Michael Kafe, économiste chez Barclays Bank Plc, a commenté dans une note destinée à ses clients que « le communiqué du FMI souligne certaines dérives budgétaires, contrairement aux rapports antérieurs du gouvernement qui suggéraient une meilleure situation ». Il a ajouté que « si les élections à venir permettent d’obtenir une majorité parlementaire, cela pourrait éviter des retards inutiles dans la mise en œuvre du programme économique ».
La chute des obligations souveraines du Sénégal libellées en dollars a plusieurs conséquences importantes pour le pays, tant sur le plan économique que financier. Voici les principales répercussions :
La chute des obligations souveraines du Sénégal en dollars entraîne une augmentation des coûts d’emprunt pour le pays, les investisseurs demandant des rendements plus élevés en raison des risques perçus. Cela complique l’accès du Sénégal à de nouveaux financements et pourrait ralentir les investissements dans des secteurs essentiels comme les infrastructures. En parallèle, cette situation reflète une perte de confiance des investisseurs étrangers, qui pourrait se traduire par une diminution des investissements directs étrangers et des sorties de capitaux, freinant la croissance économique du pays.
Cette dépréciation des obligations met également en péril la stabilité monétaire, avec un risque de pression à la baisse sur le franc CFA et une inflation importée, impactant directement le coût de la vie pour les Sénégalais. Face à cette crise, le gouvernement est contraint d’accélérer la mise en place de réformes économiques, comme la réduction des subventions et une meilleure gestion fiscale, pour rassurer les créanciers et stabiliser les finances publiques. Toutefois, l’incertitude politique et économique qui en découle pourrait aggraver les tensions sociales et politiques, compromettant la stabilité du pays.