Taxation du Mobile Money et jeux de Hasard : Le Sénégal face au redressement ou l'heure de la mobilisation citoyenne

Dans un contexte économique et social difficile, le Sénégal a su trouver les voies et moyens pertinents pour financer son redressement à l’horizon 2028, impulser le déclenchement de tous les leviers nécessaires à une transformation ciblée d’ici 2034, et enfin accélérer durablement sa croissance entre 2034 et 2050.

Ce plan de redressement exige un effort citoyen. Son financement devra s’appuyer avant tout sur des ressources internes, car le recours excessif à l’endettement extérieur a atteint des seuils alarmants : 119 % du PIB selon les derniers chiffres. Hérité du précédent régime, ce surendettement (99 % du PIB) et un déficit budgétaire de 14 % placent le pays loin des critères de convergence de l’UEMOA ou des exigences de partenaires comme l’Union européenne. L’exemple récent de la France, qui avec 114 % d’endettement et un déficit de 5,4 % a subi une dégradation de sa note par Fitch, est un signal d’alerte à prendre au sérieux.

Face à ce constat, une certitude s’impose : le Sénégal ne se fera que par les Sénégalais eux-mêmes. Aujourd’hui, nous avons la chance d’avoir des élites courageuses et dignes de confiance. Il nous faut donc aller de l’avant, et activer sans délai les leviers nécessaires au financement souverain de notre économie.

Parmi ces leviers figurent :
le système financier numérique (SFN), notamment les transferts d’argent et la téléphonie, longtemps sous-fiscalisés,
l’élargissement de l’assiette fiscale aux jeux de hasard,
et la taxation équitable des revenus générés par des secteurs jusque-là insuffisamment contributifs.

Dans ce cadre, je soutiens pleinement (à 150 %) la nouvelle politique fiscale proposée par le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Par le décret n° 2025-15555, il a saisi l’Assemblée nationale pour examiner en procédure d’urgence (cf. El Malick Ndoye) des projets de loi essentiels au financement de notre redressement. Ces réformes doivent être expliquées avec pédagogie afin que les administrés comprennent leur sens, leur portée, et puissent les adopter avec adhésion.

En résumé, après avoir déjà entamé une réduction de son train de vie, l’État du Sénégal s’oriente vers :
la mobilisation de ressources domestiques (fiscalisation du numérique, fiscalité verte, redevances sectorielles),
et le financement endogène (appel public à l’épargne, instruments souverains),
afin de lever en toute indépendance les ressources nécessaires pour redresser, impulser et accélérer la croissance nationale.

Les 5 mesures fiscales phares adoptées à l’Assemblée nationale

  1. Taxe sur les revenus des opérateurs de jeux de hasard (art. 212 du CGI)
    Une nouvelle taxe frappe les gains des opérateurs de jeux de hasard (casinos, paris sportifs, PMU, divertissements). Elle s’élève à 20 % des montants perçus par l’opérateur. Concrètement, sur 1000 F CFA, l’opérateur ne conservera que 800 F CFA. Le gouvernement a choisi la voie de la taxation plutôt que celle de l’interdiction, respectant ainsi une demande sociale et la liberté des jeunes qui recourent à ces activités.
  2. Taxe sur les gains des joueurs
    Une imposition de 20 % est également prélevée sur les gains réalisés par les joueurs. Ainsi, sur 1000 F CFA de gain, le joueur recevra 800 F CFA.
  3. Prélèvement sur les paiements par transfert d’argent (art. 220 du CGI)
    Une taxe de 0,5 % est instituée sur les sommes reçues par les personnes physiques ou morales disposant de codes marchands (Wave, Orange Money, Free Money, etc.). Cette mesure vise particulièrement à faire contribuer les professionnels du secteur informel.
  4. Taxe sur les transferts d’argent (TTA : art. 3096 et 399 du CGI)
    Elle s’applique à la quasi-totalité des opérations de transfert d’argent, y compris bancaires et postales, au taux de 0,5 %, plafonné à 2000 F CFA par transaction.
    Sont exonérés :
    les transferts de salaires,
    les bourses d’étudiants,
    les virements bancaires,
    les retraits en espèces,
    les transferts liés à l’État et aux collectivités locales,
    les dépôts en numéraire (espèces ou chèques).
  5. Taxes sur l’importation des appareils de téléphonie fixe et mobile
    L’exonération instaurée en 2008 (loi n° 2008-46, modifiée en 2010) est supprimée. Cette mesure, devenue obsolète au regard des règles de la CEDEAO et des besoins budgétaires, permet de corriger une sous-fiscalisation injustifiée et de mettre à contribution un secteur jusque-là privilégié, alors que l’État doit assurer l’intérêt général.

Un appel à l’engagement citoyen
À ce stade, j’en appelle solennellement à mes concitoyens. Restons mobilisés, conscients et dignes. L’effort demandé est minime comparé aux sacrifices que d’autres peuples consentent pour défendre leur souveraineté. Là où certains donnent leur vie et perdent leurs biens, il ne nous est demandé qu’un effort fiscal limité dans le temps : jusqu’en 2028 seulement, si les prévisions se réalisent.

Refusons les manipulations. Engageons-nous dans la voie de l’effort collectif. Le Sénégal se construira par les Sénégalais, pour les Sénégalais, et pour les générations futures. Chaque contribution, aussi modeste soit-elle, facilitera la vie de nos enfants.
Soutenons ce plan sans murmurer ni faiblir : le Sénégal est entre les mains d’honnêtes Sénégalais.
Amadou Gueye Juriste-analyste
Président de YITTÉ SÉNÉGAL
Cadre à l’AGETIP
Tel 77 190 41 41

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