Sommet de la souveraineté alimentaire : Les gouvernants de 34 pays africains préoccupés par la hausse des prix
Lors du Sommet de Dakar 2, axé sur l’action, les chefs d’État ont tenu des réunions pour « mobiliser et mettre en cohérence les ressources gouvernementales, les partenaires au développement et le financement du secteur privé pour libérer le potentiel alimentaire de l’Afrique« .
Une rencontre lors de laquelle ces Chefs d’État et de gouvernement de 34 pays africains ont fait part de leurs craintes face à la « hausse des prix des denrées alimentaires et les perturbations de l’approvisionnement alimentaire mondial dues au Covid-19, au changement climatique et aux conflits tels que la guerre entre la Russie et l’Ukraine n’aggravent l’insécurité alimentaire en Afrique… »
Texte in extenso :
NOUS, Chefs d’État et de gouvernement de 34 pays africains, chefs d’organisations internationales et bilatérales de développement et dirigeants du secteur privé, réunis à l’occasion d’un Sommet organisé par Son Excellence Macky Sall, Président de la République du Sénégal et Président de l’Union Africaine, et Dr. Akinwumi Adesina, Président du Groupe de la Banque Africaine de Développement sous le thème Sommet de Dakar 2 – Nourrir l’Afrique : Souveraineté alimentaire et résilience, à Dakar, Sénégal du 25 au 27 janvier 2023 ;
REMERCIONS S.E. Macky Sall, Président de la République du Sénégal et Président de l’Union Africaine pour son leadership, ainsi que le Gouvernement et le peuple sénégalais pour l’hospitalité chaleureuse accordée aux délégations et pour l’organisation de ce Sommet aussi opportun qu’important ;
SALUONS la présence de S.E. Michael D. Higgins, Président de la République d’Irlande ;
FÉLICITONS le Président du Groupe de la Banque Africaine de Développement, Dr. Akinwumi Adesina, pour son leadership, son engagement et son rôle moteur qui ont permis à ce Sommet d’être couronné de succès, et félicitons le Groupe de la Banque Africaine de Développement pour son étroite collaboration avec les gouvernements nationaux et les partenaires dans l’élaboration des Compacts nationaux pour l’alimentation et l’agriculture ;
PRÉOCCUPÉS par le fait que la hausse des prix des denrées alimentaires et les perturbations de l’approvisionnement alimentaire mondial dues au Covid-19, au changement climatique et aux conflits tels que la guerre entre la Russie et l’Ukraine n’aggravent l’insécurité alimentaire en Afrique ;
NOTONS que l’Afrique abrite environ 65 pour cent des terres arables non cultivées restantes dans le monde et qu’elle a le potentiel de produire suffisamment pour se nourrir elle-même et contribuer à nourrir le reste du monde ;
RECONNAISSONS qu’en dépit de son énorme potentiel agricole, l’Afrique souffre d’une insécurité alimentaire flagrante, un tiers des 828 millions de personnes souffrant de la faim dans le monde se trouvant en Afrique ;
CONSCIENTS que l’atteinte et le maintien de la souveraineté alimentaire nécessitent la fourniture de technologies agricoles aux agriculteurs à grande échelle, l’augmentation de la production alimentaire et la croissance des investissements dans les systèmes alimentaires et agricoles ;
SOMMES CONVAINCUS que la réalisation de l’objectif de développement durable numéro 2 des Nations Unies Faim zéro ne peut être atteint que s’il est atteint en Afrique ;
NOTONS que le soutien au secteur agricole africain dépend d’une volonté politique et d’un engagement forts de la part des gouvernements africains, des partenaires au développement et du secteur privé, ainsi que de l’intensification des programmes continentaux à fort impact tels que les Technologies pour la Transformation de l’Agriculture Africaine (TAAT) de la Banque Africaine de Développement, de la réussite de programmes nationaux et de programmes menés par les partenaires ;
SALUONS les intentions de financement à hauteur de $10 milliards de dollars par le Groupe de la Banque Africaine de Développement et $20 milliards de dollars supplémentaires par plusieurs autres partenaires pour soutenir la transformation du secteur agricole en Afrique à travers la mise en œuvre des Compacts nationaux pour l’alimentation et l’agriculture ;
ENCOURAGEONS le soutien continu des centres internationaux et nationaux de Recherche et Développement agricole, et autres acteurs qui se sont associés aux pays africains pour développer et déployer des moyens de production robustes pour stimuler la productivité au niveau des exploitations et accroître la résilience ;
RECONNAISSONS que les Compacts nationaux pour l’alimentation et l’agriculture élaborés lors de ce Sommet ont été préparés par les pays africains, qui se les ont appropriés, et qu’ils transmettent la vision, les défis et les opportunités en matière de productivité agricole, d’infrastructures, de transformation et de valeur ajoutée, de marchés et de financement qui accéléreront la mise en œuvre du Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA) de l’Union Africaine ;
CONVENONS que c’est à présent l’heure pour l’Afrique de se nourrir elle-même et d’exploiter pleinement son potentiel agricole pour contribuer à nourrir le monde ;
DÉCIDONS par la présente d’entreprendre ce qui suit :
i) Finaliser l’élaboration des Compacts nationaux pour l’alimentation et l’agriculture approuvés lors du Sommet de Dakar 2 en collaboration avec les parties prenantes des pays, les partenaires au développement et le secteur privé afin de parvenir à la sécurité et à l’autosuffisance alimentaires ;
ii) Établir des Conseils Présidentiels pour superviser la mise en œuvre des Compacts nationaux pour l’alimentation et l’agriculture ;
iii) Soutenir la mise en œuvre des Compacts nationaux pour l’alimentation et l’agriculture avec des indicateurs de réussite clairement mesurables et assortis de délais, notamment en adoptant des politiques nationales concrètes, des mesures d’incitation et des réglementations visant à créer un environnement propice à des investissements plus importants et accélérés dans le secteur agricole ;
iv) Mobiliser des financements internes et externes pour les Compacts nationaux pour l’alimentation et l’agriculture auprès d’un large éventail de partenaires multilatéraux et bilatéraux et du secteur privé ;
v) Augmenter le financement des budgets nationaux pour soutenir les Compacts nationaux pour l’alimentation et l’agriculture conformément à la Déclaration de Malabo sur la croissance et la transformation accélérées de l’agriculture en Afrique pour une prospérité partagée et de meilleures conditions de vie en allouant au moins 10% des dépenses publiques à l’agriculture ; et
vi) Demander à la Commission de l’Union Africaine et à la Banque Africaine de Développement d’assurer le suivi avec les différents partenaires au développement afin de finaliser le soutien financier de $30 milliards de dollars annoncés lors de ce Sommet, de rechercher un appui financier supplémentaire auprès d’autres partenaires, et de rendre compte du financement global des partenaires au développement ; et veiller à ce que la Déclaration du Sommet de Dakar 2 soit soumise au Sommet de l’Union Africaine de février 2023 pour examen.
29 janvier 2023