« Sommes-nous aptes pour la démocratie ? »

« S’il y avait un peuple de Dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes » J. J. Rousseau

Ce pessimisme de Rousseau se confirme tous les jours dans toutes les démocraties. Notre nature n’est-elle pas finalement trop précaire pour appliquer les principes de la démocratie ?

Comme citoyens nous faisons parfois preuve d’abus de liberté (Platon et Popper avaient raison). L’abus de liberté mène à l’anarchie et à l’anomie. Or une société qui verrait ses normes pulvérisées par le mythe ou le dogme de la liberté perdrait la liberté. Il faut donc en toute chose de la mesure et de la tempérance. Pour que la démocratie soit une réalité il est nécessaire que les citoyens soient comme des dieux : savants et vertueux. L’absence de vertu rend la liberté dangereuse et l’absence de savoir la rend superflue et presque égale à la servitude. Donnez la liberté à un peuple d’ignorants, il choisirait la servitude ; donnez-là à un peuple sans vertu, il en ferait un fardeau pour l’humanité.

C’est la rencontre du savoir et de la vertu chez l’homme qui lui inculque la conscience de la responsabilité. Or c’est la responsabilité, l’éthique de la responsabilité, qui donne à la liberté sa splendeur et sa sacralité. Il faut se regarder les yeux dans les yeux et oser se dire la vérité : la façon de faire le journalisme au Sénégal est devenue problématique. Quiconque sait observer objectivement la société sénégalaise constate qu’on a des media de plus en plus politiciens et sensationnalistes. Les citoyens sont chauffés à blanc pour ne plus penser : on les veut ou préfère fous plutôt que raisonnables. Il faut que la presse redevienne plus professionnelle.

Comme hommes d’Etat nous faisons souvent preuve d’abus de pouvoir. Nous mesurons et apprécions nos univers en fonction de « pour » ou « contre » nous. Le pouvoir politique est déjà en soi une domination, une oppression, c’est pourquoi un homme d’Etat doit faire preuve de davantage d’éthique de responsabilité que le citoyen ordinaire. La finalité du pouvoir n’est pas le pouvoir, c’est absurde. La finalité du pouvoir, c’est l’unité de la nation, la paix, la concorde et, si possible, l’épanouissement de citoyens. Un homme politique moderne est celui qui sait préférer la concorde au pouvoir ; la paix au droit ; la diplomatie à la sanction.

Trop d’Etat tue à la fois la nation et l’Etat. Trop d’autorité tue l’autorité « summa jus summa injuria » disait Cicéron. Le meilleur commentaire de cette sagesse de Cicéron est sans doute celui de Portalis (homme politique et philosophe du droit français) : « une excessive rigueur dans l’administration de la justice aurait tous les caractères d’une tyrannique oppression : summum jus, summa injuria. Le bien se trouve entre deux limites ; il finit toujours où l’excès commence ». Macky Sall use trop de la loi et des sanctions, du coup, il a attisé le feu de la discorde entre les citoyens et les institutions. C’est une énorme régression démocratique et une source d’implosion sociale. C’est dire si la sagesse est davantage plus essentielle chez les dirigeants que chez les citoyens.

Le CNRA sous Macky Sall est devenu trop actif ! C’est un signe de dégénérescence démocratique : soit il y a abus de liberté soit abus de pouvoir. Mais il se pourrait bien qu’il y ait abus de part et d’autre. Cette situation ne peut pas continuer, car elle fausse tous les principes démocratiques et brouille les repères des citoyens. Macky Sall doit faire preuve de grandeur en trouvant des moyens plus diplomatiques et éviter la coercition à tout prix pour faire face à certaines dérives de la liberté. Couper le signal d’un media est une hérésie en démocratie ; il faut être plus policé dans les rapports entre pouvoir et citoyens. Un adage bien de chez nous nous indique une piste de solution et elle est éthique : le cultivateur qui voudrait s’occuper des coassements des grenouilles aux alentours de son champ finirait par ne plus cultiver son champ.

Par Alassane K. KITANE

4 COMMENTAIRES
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    C’est bien dit.
    Depuis quand il existe dans notre pays un gendarme de la presse qui se lève un bon jour pour s’immiscer dans le travail d’autrui.Dire à un journaliste que vous n’avez pas le droit de commenter les titres de la presse dont vous faites la revue est ni plus ni moins le marque d’un régime de crocodiles dont le cours d’eau dans lequel ils somnolent est en train de sécher.
    D’une manière ou d’une autre la voix de Ahmeth Aidara sera toujours audible n’en déplaise au frère du Président.
    Nous parlerons toujours de notre gaz et pétrole

  • Com's IBG

    Bougane s’il vous plaît faites un constat d’huissier et servait à ce serviteur du prince une sommation interpellation.Ne pouvant apporter aucune base légale, déposer la plainte avec constitution de partie civile.
    Ensuite présentez ce dénominateur commun de tous les régimes au monde en faisant une conférence de presse internationale.
    A la fin des 72heures faites venir tous les sympathisants (la jeunesse les artisans les populations les politiques pour tenir un meeting de dénigrement. Face à un serpent il ne faut rien négliger

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    Dorénavant mettez nous Ahmeth Aidara comme présentateur de Ndoumbelane ou Sen show ou même créer une émission 12h a13h dans lequel maintenant

    il passe en revue ce qui se passe dans notre pays avec ou sans invité.
    Ahmeth Aidara continuera à parler n’en déplaise aux salles poubelles et au dénominateur commun au valeur négative de tous les régimes.

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    Attention un agenda est en train d’être déroulé pour 2024.
    Une certaine presse et des opposants fermés et convaincus risquent d’être traqués et bâillonnes.
    La résistance devient de plus en plus fondamentale

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