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Sénégal – Pêche sur la Petite Côte : « Les pirogues rentrent souvent vides », la crise qui pousse les jeunes à l’exode

Une crise profonde frappe le secteur de la pêche artisanale sur la Petite Côte sénégalaise, de Mbour à Joal-Fadiouth. La raréfaction des ressources halieutiques a des conséquences directes sur les conditions de vie des communautés locales, qui dépendent historiquement de cette activité.

Selon des informations rapportées par Sud Quotidien, le constat est partagé par de nombreux acteurs du secteur : « Autrefois, un seul coup de filet suffisait à nourrir une famille pendant plusieurs jours. Aujourd’hui, les pirogues rentrent souvent vides après dix heures en mer ». Cette situation illustre une chute drastique des captures, touchant des espèces comme la sardinelle ou le thiof. Les pêcheurs sont désormais contraints de s’aventurer bien plus loin, parcourant entre quarante et soixante kilomètres au lieu d’une quinzaine auparavant, pour des résultats souvent décevants.

Plusieurs facteurs expliquent cette dégradation. La pression exercée par les chalutiers industriels, étrangers et nationaux, est pointée du doigt. Leurs capacités de capture sont sans commune mesure avec celles des pirogues artisanales. S’ajoute à cela l’augmentation du nombre d’embarcations sur la Petite Côte et la généralisation de pratiques de pêche destructrices, telles que l’utilisation de filets à mailles réduites qui capturent les juvéniles avant leur période de reproduction.

Les répercussions économiques pour les pêcheurs sont sévères. Les revenus ont chuté, plongeant de nombreuses familles dans un endettement chronique auprès d’usuriers pour financer les sorties en mer (carburant, matériel). Face à cette précarité, l’exode rural et l’émigration clandestine deviennent des alternatives pour une partie de la jeunesse. Convaincus qu’il n’y a plus d’avenir dans la pêche, certains se tournent vers le périlleux voyage vers l’Europe, un phénomène qui conduit régulièrement à des drames en mer, comme celui survenu au large de la Mauritanie où plus de 220 migrants avaient été secourus.

Un autre effet de cette crise est l’accès au poisson pour les populations locales. Une part importante des prises est dirigée vers les usines de farine de poisson ou les marchés des grandes villes, rendant le produit rare et cher pour les familles mêmes des pêcheurs. Des solutions comme la création d’aires marines protégées ou l’instauration de repos biologiques sont évoquées. Abdou Karim Sall, acteur de la cogestion à Joal-Fadiouth, alerte sur l’urgence de la situation : « nous pêchons aujourd’hui les juvéniles que nos pères laissaient grandir ; dans dix ans, il n’y aura plus rien à transmettre à nos enfants ».

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Un commentaire

  1. Le régime de thiounés sonko dioms nous avait fait croire que c’est la faute des accords de pêche avec l’UE. Maintenant que les européens sont partis, la situation est plus catastrophique. Pauvre Sénégal !


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