Sénégal : La pandémie de Covid-19 appauvrit les banques de sang

La pandémie de Covid-19 appauvrit les banques de sang, surtout qu’il y avait déjà des déficits récurrents. Les chiffres actuels inquiètent.

Depuis l’avènement du coronavirus au Sénégal, les réserves en poches de sang s’amenuisent. Les Sénégalais ne donnent plus de leur sang. Juste avant la mi-mars, le directeur du Centre national de transfusion sanguine (CNTS) Saliou Diop, lançait l’alerte. Une baisse de 25 % a été enregistrée.

« Nous avons constaté que, depuis la communication qui est faite pour éviter les rassemblements, on a une réduction importante du nombre de donneurs de sang », disait-il. D’ailleurs, depuis cette date, il ne cesse de rassurer les populations sur le fait que toutes les dispositions ont été prises pour que les collectes se fassent sans aucun risque de contamination.

Toutefois, ses multiples appels contre le report ou l’annulation des collectes sont restés vains. Chose qui aggrave le déficit.

Les besoins nationaux sont estimés à 150 000 poches par an. La pénurie de sang est récurrente. En 2018, par exemple, il y a eu un gap de 52 000. Mais cette année, la pandémie a enfoncé le clou. Or, 25 % des femmes décèdent lors d’un accouchement en raison d’hémorragies. Il va de soi que, si la situation perdure, la mortalité maternelle a encore de beaux jours devant elle. A cela s’ajoute les malades souffrant d’insuffisance rénale.

De l’avis du professeur Saliou Diop, on ne doit pas attendre que l’urgence soit là pour réagir. « Dans les pays développés, on a 30 dons pour 1 000 habitants, pendant qu’au Sénégal, nous sommes à 6,5 pour 1 000 habitants. Il existe beaucoup de raisons socio-économiques qui font que tout le monde ne participe pas à l’effort du don de sang. Plusieurs Sénégalais n’ont pas accès aux médias », ajoute-t-il.

Le 27 mars, l’agent de sensibilisation Serigne Mame Mbaye Koté décrivait, dans une interview avec « EnQuête » quotidien, une situation intenable. « En temps normal, nous avons entre 50 et 60 poches par jour. Actuellement, le maximum atteint, c’est 20. Ce qui veut dire qu’il y a un manque qu’il urge de corriger. La norme, c’est d’avoir 10 poches pour 1 000 habitants. Avant l’épidémie, nous étions à 6 poches pour 1 000, mais en ce moment, nous n’avons même pas 2 poches pour 1 000 habitants ».

De ce fait, le centre ne gérait que les urgences, à savoir les opérations et les femmes en salle d’accouchement. Sauf que là encore, la quantité transfusée est réduite.

Ce samedi, une collecte d’urgence est organisée au CNTS qui espère enregistrer une forte mobilisation. Ses membres ont lancé une alerte dans les réseaux sociaux et dans les médias à l’endroit de certaines associations, pour inciter les Sénégalais à réagir.

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