Sénégal : Article 19 exhorte à réviser les lois pour renforcer la liberté d’expression

Dans un contexte où la liberté d’expression est cruciale, Article 19, représentée par son Directeur régional pour le Sénégal et l’Afrique de l’Ouest, Alfred Nkuru Bulakali, appelle à un renforcement des lois pour refléter la culture sociale du Sénégal, qui est traditionnellement tournée vers le dialogue et la tolérance. Cette déclaration a été faite le 8 avril lors d’un atelier visant à capitaliser sur les apprentissages du projet « Libérer les voix », soutenu par Open Society Africa.
Selon M. Bulakali, bien que le cadre légal permette théoriquement l’organisation de réunions publiques, la réalité montre des restrictions significatives. Il souligne que des pouvoirs considérables sont accordés aux autorités administratives, qui peuvent autoriser ou refuser les manifestations au nom de l’ordre public, sans préciser ce que cet ordre implique réellement. Cette situation rend le régime de réunion peu propice à une libre activité citoyenne.
Le Directeur régional de Article 19 souligne également que les dispositions actuelles du Code pénal freinent le débat public, notamment à travers des lois qui punissent sévèrement les délits d’opinion. À cela s’ajoute le bilan des années 2021-2024, marqué par de nombreuses arrestations de personnes pour leurs opinions.
Pour aller de l’avant, M. Bulakali plaide pour que la législation évolue, afin que la dynamique sociale ne dépende pas uniquement de la bonne volonté des autorités. Ainsi, un système légal moins restrictif permettrait une expression publique plus ouverte et moins réprimée.
Concernant la liberté de la presse, M. Bulakali admet des améliorations depuis 2017, mais souligne que de nombreux progrès restent nécessaires. Il mentionne notamment le cadre de régulation, le statut des journalistes et la dépénalisation des délits de presse. « Un journaliste ne devrait pas être traduit en justice simplement pour une erreur d’information s’il n’y a pas d’intention malveillante de sa part », dit-il.
Ces réflexions ont été relayées par notre confrère Ousmane Goudiaby sur le site de Sud Quotidien.