France : Réintégration controversée de Florian M., le policier mis en examen pour le meurtre de Nahel Merzouk

Le brigadier de police Florian M., mis en examen pour le meurtre de Nahel Merzouk à Nanterre en juin 2023, a été réintégré au sein de la police nationale le 17 mars. Selon des informations du journal Libération, la réintégration a été actée par un arrêté signé par délégation au nom du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, à la demande de la Direction générale de la police nationale.

Cependant, Florian M. n’a pas repris son poste initial dans les Hauts-de-Seine. Il a été affecté dans un commissariat du Pays basque, une décision justifiée par « l’intérêt du service ». Plusieurs témoignages recueillis lors de l’enquête judiciaire suggèrent que cette mutation, qui l’éloigne du terrain, correspondait également à ses souhaits.

Malgré sa réintégration, le brigadier reste soumis à un contrôle judiciaire strict. Il lui est toujours interdit de porter une arme, ce qui le rend inapte à tout service de voie publique. Il peut néanmoins travailler en relation avec le public à l’intérieur d’un commissariat.

De plus, il a conservé sa rémunération pendant sa détention provisoire, entre juin et novembre 2023, ayant été suspendu « à plein traitement » sur décision de Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur. Cette décision administrative de maintenir l’agent en activité, malgré la gravité des accusations et l’émotion suscitée par la mort de Nahel, pourrait relancer le débat sur l’impunité policière. Le recours contre sa mise en accusation est en cours d’examen. Contacté par Libération, son avocat Laurent-Franck Liénard n’a pas souhaité commenter.

Cette réaffectation survient dans un contexte tendu concernant les violences policières et la réponse de l’État, deux ans après les émeutes qui ont suivi le drame de Nanterre. Des organisations comme Flagrant Déni ou la LDH soulignent qu’au moins 35 personnes ont été tuées par des policiers dans des situations de refus d’obtempérer depuis l’adoption de l’article L435-1 de la loi « Cazeneuve » en 2017. Ce cadre juridique fait l’objet de critiques de la part d’ONG, d’élus et de chercheurs, comme Fabien Jobard (CNRS), qui a déclaré : « Elle rend extrêmement confus les conditions d’usage de l’arme et élargit considérablement le champ des possibles. » Le contexte de nombreux changements au sein de la police nationale, comme en témoignent les récentes affectations de commissaires détaillées dans un précédent article de Senego, ajoute une complexité supplémentaire à cette affaire. D’autres mutations importantes au sein de la police nationale ont également été rapportées, comme le montrent les nombreuses nominations annoncées récemment.

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