Le collectif « Rappel à l’ordre » a manifesté vendredi dernier pour réclamer la libération des détenus dits politiques et dénoncer la morosité économique. Mais pour Dr Momar Thiam, conseiller en communication, cette mobilisation a surtout été récupérée par l’opposition… Une mobilisation citoyenne brouillée par les politiques…
« À l’origine, c’était une initiative de la société civile. Mais l’opposition a infiltré la marche et fait beaucoup plus de bruit que les organisateurs », analyse-t-il. Selon lui, les slogans hostiles lancés ce jour-là, comme « Macky dégage » ou « Justice complice », illustrent cette dérive politique.
Dr Thiam estime que cette confusion brouille le rôle de la société civile. « Elle devrait rester sur des principes clairs et éviter un positionnement trop partisan. Autrement, on a l’impression qu’elle se transforme en acteur politique », prévient-il dans L’Obs.
Il rappelle néanmoins que la liberté de manifester est garantie par la Constitution. « Ce qui est démocratique, c’est que le pouvoir ait autorisé cette marche. Le problème n’est pas là, mais dans le contenu des revendications », nuance-t-il.
À ses yeux, la question de la reddition des comptes, qui domine le débat public, éclipse d’autres urgences sociales. « On parle peu de santé, d’éducation ou de consommation des ménages. Pourtant, ce sont des promesses qui avaient été faites », regrette-t-il.
Alors que des élections locales se profilent, Dr Thiam appelle la société civile à mieux s’organiser. « Si elle ne définit pas ses propres revendications et laisse l’opposition dicter le ton, elle perdra sa crédibilité », conclut-il.