Présidentielle 2019 : Un rapport révèle une manipulation numérique orchestrée contre Ousmane Sonko

Un rapport explosif révèle les dessous d’une vaste opération de manipulation de l’opinion publique au Sénégal entre 2019 et 2024, orchestrée avec l’appui de sociétés étrangères. Selon ce document, une « cellule discrète » basée à Dakar aurait mobilisé près de 4 600 membres pour « marginaliser » l’opposant Ousmane Sonko et renforcer la campagne du président sortant Macky Sall.

Les données personnelles de milliers d’électeurs, âge, profession, affiliation politique, langue ou religion, auraient été traitées par des algorithmes pour concevoir 552 campagnes ciblées adaptées aux réalités locales de chaque département. Ce système de microciblage électoral aurait permis de maximiser le soutien au pouvoir en place tout en affaiblissant ses adversaires.

Le rapport relevé par Libération évoque également un « biais technico-institutionnel », à travers la manipulation des données électorales et le redimensionnement de la carte électorale. Des techniques dites data-driven auraient servi à influencer ou détourner le processus électoral.

Deux sociétés étrangères sont particulièrement citées : la nigériane State-Craft Inc., filiale du groupe Red For Africa, et la française Spalian, spécialisée dans l’analyse prédictive et la géointelligence. La première aurait été mandatée par l’équipe de Macky Sall pour « renforcer son image et neutraliser le scepticisme populaire », revendiquant plus de 1,5 million de vues sur ses contenus de campagne. La seconde, chargée de concevoir une solution de datavisualisation pour le gouvernement, aurait joué un rôle dans la stratégie politique du camp présidentiel.

Ces pratiques soulèvent, selon les auteurs du rapport, de sérieuses interrogations sur l’ingérence étrangère, la protection des données personnelles et la souveraineté électorale du Sénégal.