Pr Moustapha Samb: «Une opposition encore peu forte et peu présente pour inquiéter Macky…»

Une société civile de loin moins engagée, une opposition qui cherche ses repères face à Macky Sall qui veut rempiler coûte que coûte…Un peuple sénégalais en position d’arbitre...Le Professeur Moustapha Samb à l’Ucad, par ailleurs secrétaire général du Prad, membre de la mouvance présidentielle,  en perspective de la Présidentielle de 2019, dans cet entretien avec Senego, jette un regard froid sur ce Sénégal qui risque de se transformer en une étuve incontrôlable…

Professeur quelle appréciation faites-vous des relations entre le pouvoir et l’opposition?

Aujourd’hui le Sénégal vit une période qui polarise toutes les idées, toutes les actions vers la prochaine Présidentielle de 2019. Le pouvoir comme l’opposition, chaque entité affûte ses armes. Le pouvoir cherche à rempiler. Le président Sall a un bon bilan qu’il faudra cependant défendre. L’opposition qui peine à trouver ses marques doit davantage se battre pour  faire passer ses idées. Elle reproche au pouvoir de ne pas assez dialoguer pour éviter d’éventuels contentieux électoraux. Le pouvoir doit revoir son approche du dialogue politique pour créer les conditions d’une élection apaisée.

L’opposition peut-elle perturber le sommeil du Lion Macky Sall ?

Le président Sall a fait beaucoup de réalisations et les prix des denrées sous son magistère sont  stables. Cependant, il doit davantage veiller à l’équité dans le traitement des dossiers judiciaires et veiller plus encore à la bonne gouvernance et travailler à l’apaisement de ses relations avec l’opposition.

L’opposition est encore peu forte et peu présente sur le terrain pour inquiéter Macky Sall en 2019. Néanmoins, il faut garder une marge de prudence puisque tout dépendra de la réaction du peuple, de la mobilisation que ce dernier fera montre en 2019. Théoriquement,  Macky qui a bien travaillé surtout dans le Sénégal des profondeurs, doit sur le plan politique réévaluer les forces de sa coalition Benno book yaakaar (Bby), parce qu’il y a beaucoup de remous doublé d’une recomposition insidieuse  qui fait qu’il est difficile de savoir ce que pèseront les nouvelles coalitions en perspective des élections de 2019. 

Elle n’a ni la même force, ni la même vigueur, ni la même unité qu’en 2011-2012. Le départ de Wade avait fédéré la classe politique et la société civile.  Tout le contraire de Macky qui a une opposition complexe. Certains sont radicaux d’autres le sont moins. Certains même pourraient rejoindre Macky. On y trouve aussi une société civile de loin moins engagée que celle de 2011. Macky semble donc être en pôle position mais tout dépend du peuple sénégalais qui se cherche encore et qui a le dernier mot. Seul le peuple est capable d’imprimer une direction à sa destinée.