« Pour une paix durable en Afrique : défendre la légitimité des approches contextuelles face aux procès d’intention”.K. A. BABOU(CNIOS)

« Pour une paix durable en Afrique : défendre la légitimité des approches contextuelles face aux procès d’intention”.K. A. BABOU(CNIOS)

Au nom d’Allah, Le Tout Miséricordieux, Le Très Miséricordieux.

Porté par mon engagement pour la paix, je me vois dans l’obligation de réagir à la tribune de M. Thierno Bachir SY, présentée comme une critique scientifique mais qui, à bien des égards, ressemble davantage à une attaque personnelle ciblant le Dr Bakary Samb et le Timbuktu Institute. En tant qu’acteur religieux engagé dans la promotion de la paix sur le continent africain, et témoin direct du travail concret de prévention mené sur le terrain, je ne peux rester silencieux face aux propos accusateurs tenus dans cet article.

  1. L’urgence de la prévention sur le terrain
    Il est essentiel de rappeler que la lutte contre l’extrémisme violent n’est pas un exercice académique abstrait. C’est une réalité brutale qui touche directement des communautés entières : des jeunes en perte de repères, des familles blessées, des États désemparés face à la sophistication des réseaux armés. Le Dr Bakary Samb, à travers le Timbuktu Institute, s’est investi là où beaucoup hésitent à aller : anticiper les crises, mobiliser les communautés et alerter les autorités. Son approche, bien que perfectible comme toute œuvre humaine, est précieuse car elle agit là où il y a urgence.
  2. L’accusation d’alarmisme : une erreur lourde de conséquences
    Taxer les alertes de Timbuktu Institute d’« alarmistes » revient à ignorer les signes avant-coureurs de menaces bien réelles. Faut-il vraiment attendre que la catastrophe survienne pour accorder du crédit aux analyses ? L’histoire récente du Sahel nous enseigne que les prémices de la violence doivent être prises au sérieux. Fermer les yeux au nom d’un académisme rigide, c’est risquer d’abandonner les populations aux mains de groupes radicaux
  3. Une critique méthodologique peu fondée
    L’article de M. SY reproche à Timbuktu Institute un manque de rigueur scientifique, notamment l’absence de sources et de méthodologie standardisée. Or, les notes stratégiques produites à destination des décideurs ne répondent pas aux mêmes exigences que les publications universitaires classiques. Ces analyses sont nourries par des rencontres de terrain, des échanges avec des leaders religieux, des membres de la société civile et des experts sécuritaires. Les disqualifier d’un revers de main est une injustice intellectuelle.
  4. L’absence de propositions alternatives
    Ce qui frappe dans cette tribune, c’est l’absence totale de solutions concrètes. Critiquer est aisé, mais proposer des alternatives solides et applicables demande de l’engagement. Pendant que certains se contentent de théoriser, des institutions comme le Timbuktu Institute travaillent sans relâche, sur le terrain, auprès des communautés. Ce type d’engagement mérite d’être soutenu, pas discrédité.
  5. Des insinuations injustifiées sur les financements
    L’article insinue des doutes sur l’origine des financements de Timbuktu Institute sans fournir la moindre preuve. Cela alimente un climat de suspicion injuste envers un centre qui collabore, en toute transparence, avec des partenaires africains et internationaux reconnus. Les défis liés au financement des centres de recherche sont communs à l’ensemble du continent et ne devraient pas servir de prétexte à des accusations infondées.
  6. Préserver une parole précieuse
    En tant que président de la Synergie des Imams et Prédicateurs pour la Paix en Afrique – SIMPA (regroupant des imams et oulémas de la Mauritanie, du Mali, de la Côte d’Ivoire, de la Gambie, de la Guinée Bissau et de la Guinée Conakry), nous travaillons au quotidien avec des partenaires engagés pour la paix. Nous pouvons témoigner de l’impact positif des analyses de Timbuktu Institute sur le terrain. Elles ont permis à de nombreux imams de mieux comprendre les dynamiques de radicalisation et de construire des discours alternatifs efficaces. Le Dr Samb est un penseur engagé, un médiateur respecté, dont la voix mérite d’être écoutée, pas dénigrée.

En conclusion, la critique est utile lorsqu’elle est constructive. Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est d’unir nos efforts : chercheurs, religieux, éducateurs et institutions. Face à l’extrémisme violent, chaque contribution sincère est précieuse. Opposer stérilement les approches revient à affaiblir notre capacité d’action. Il est temps de choisir la collaboration plutôt que la confrontation.


« Et entraidez-vous dans la bienfaisance et la piété. Et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression. » (Sourate Al-Ma’ida, verset 2)

Khalifa Aboubacar BABOU
Président du Conseil National des Imams et Oulémas du Sénégal (CNIOS)
Président de la Synergie des Imams et Prédicateurs pour la Paix en Afrique (SIMPA)

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