L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) présentera le vendredi 17 octobre 2025 les trois derniers volumes de l’Histoire générale de l’Afrique. Selon nos informations, cet événement marque l’aboutissement d’un projet de 60 ans visant à reconstruire le récit historique du continent, en mobilisant des centaines de chercheurs pour se défaire du prisme colonial.
L’initiative a été conçue pour contrer une perception ancienne, comme le soulignait Ahmadou Mahtar M’BOW, alors directeur général de l’Unesco, dans l’introduction du premier volume en 1981. « Longtemps, mythes et préjugés de toutes sortes ont caché au monde l’histoire réelle de l’Afrique. Les sociétés africaines passaient pour des sociétés qui ne pouvaient avoir d’histoire », écrivait-il. Il attribuait ce déni à un prétendu manque de sources écrites mais aussi aux « stéréotypes raciaux générateurs de mépris et d’incompréhension » nés de la traite négrière et de la colonisation.
Le projet a été lancé en 1964, répondant à une requête des États africains nouvellement indépendants. L’objectif, synthétisé par l’historien Joseph KI-ZERBO, était clair : « À moins d’opter pour l’inconscience et l’aliénation, on ne saurait vivre sans mémoire, ni avec la mémoire d’autrui. Or l’Histoire est la mémoire des peuples ». Il ajoutait que pour ne pas « troquer un mythe contre un autre », la vérité historique devait être « fermement éprouvée et fondée sur des preuves ».
Pour ce faire, une méthodologie pluridisciplinaire a été adoptée. Une phase de collecte de sources a été menée, s’appuyant sur des témoignages de la tradition orale ainsi que sur des manuscrits rédigés en arabe et en « ajami », un terme désignant les langues africaines écrites avec des caractères arabes. Au total, plus de 350 spécialistes ont participé à la rédaction des huit premiers volumes, publiés entre 1981 et 1994.
Les trois derniers tomes (IX, X et XI) qui seront dévoilés ont pour but principal de mettre à jour les recherches des ouvrages précédents. Ils intègrent les avancées des études récentes et poursuivent le perfectionnement de la réflexion méthodologique et théorique, notamment concernant le travail sur les sources orales.
