Repenser les alliances politiques
Je pense sincèrement qu’il est temps de repenser les alliances politiques au Sénégal. Notre démocratie, si elle veut rester vivante, ne peut plus se contenter de ces mécanismes routiniers où les principes s’effacent devant les circonstances, et où la vision cède la place aux calculs à courte portée. Il est devient impératif de retrouver un sens, un cap, une cohérence, surtout pour les partis de gauche et les partis de rupture comme PASTEF, dont la vocation première est d’incarner une alternative réelle, structurée et transformatrice.
Depuis quelques années, un malaise profond s’installe. On voit se multiplier des alliances qui ne reposent sur aucune affinité idéologique, aucune ambition programmatique, aucune vision de société. Ce sont des coalitions fabriquées dans l’urgence électorale, au gré des intérêts du moment, sans cohérence doctrinale ni exigence d’éthique politique. Ces alliances fragiles, parfois contre-nature, finissent toujours par trahir l’esprit des partis qui ont bâti leur légitimité sur la promesse d’un renouveau.
Dans ce contexte, les formations qui se réclament de la gauche, de la souveraineté populaire et de la rupture systémique devraient assumer plus fermement leur identité, surtout lorsqu’elles accèdent au pouvoir.
Il ne suffit pas de brandir une idéologie pendant l’opposition puis de la remiser une fois dans les responsabilités. Car lorsqu’un parti renonce à ce qui fait sa colonne vertébrale doctrinale, il renonce en réalité à ses militants, à son histoire, à son rôle dans la société.
Le résultat est connu : un terrain politique dégradé, où prolifèrent des micro-partis et des mouvements éphémères sans doctrine, sans militants, sans projet, sinon celui de servir de tremplin à des ambitions individuelles. On voit apparaître des entités politiques qui ne comptent même pas trois ou quatre adhérents, mais qui s’invitent dans des coalitions pour y négocier des postes, des privilèges ou des parcelles d’influence.
Pendant ce temps, les militants authentiques, ceux qui ont cru, travaillé, porté la doctrine de rupture dans les moments difficiles, sont laissés de côté. Ils paient le prix de leur loyauté, parce qu’ils ont refusé de se convertir au jeu de l’opportunisme. Pourtant, ce qui leur aurait été le plus facile, à eux aussi, ç’aurait été de créer une structure personnelle et de se greffer à la mouvance du moment.
Mais ils ont choisi la fidélité à la ligne, la rigueur intellectuelle, la cohérence éthique. Ce choix devrait être une force, pas une faiblesse.
C’est pourquoi nous devons avoir le courage de repenser la manière de créer nos alliances politiques. Les coalitions ne doivent pas être des refuges pour carriéristes ou des marchés de dupes où chacun vient chercher une place. Elles doivent être fondées sur :
👉🏼 des orientations claires, assumées et discutées ;
👉🏼 des idéologies compatibles, qui dessinent un horizon commun ;
👉🏼 des principes non négociables, qui survivent aux conjonctures ;
👉🏼 une vision stratégique, qui dépasse les élections et s’inscrit dans le temps long.
👉🏼 une distinction nette entre les acteurs nationaux et locaux, afin que les mouvements ou partis à envergure strictement locale ne participent aux alliances qu’au niveau local, et non dans les structures nationales, afin de préserver la cohérence, la crédibilité et la représentativité réelle des coalitions.
À défaut, la scène politique sénégalaise continuera de glisser vers un système de fragmentation artificielle, de clientélisme déguisé et de compromissions répétées : un système où la logique du poste prime sur la logique du projet.
Nous devons aussi nous interroger sur la place du militantisme, ce pilier que beaucoup semblent reléguer à l’arrière-plan. Dans un pays où la politique tend à devenir un instrument d’ascension personnelle, il est urgent de réhabiliter la politique comme un engagement collectif, éclairé, structuré.
Il faut redonner sens et dignité au rôle du militant, qui ne peut être sacrifié à chaque recomposition de circonstance.
Enfin, repenser nos alliances, c’est aussi repenser notre rapport au pouvoir. Si les partis de rupture abandonnent leur vision dès qu’ils gouvernent, alors la rupture n’a jamais existé. Si les partis de gauche renoncent à leur idéologie dans l’exercice de l’État, alors la gauche se vide de sa substance.
Et si les coalitions n’obéissent plus à une logique programmatique, alors elles ne représentent rien d’autre qu’une mécanique électorale sans âme.
Le Sénégal mérite une classe politique cohérente, responsable et structurée. Une classe politique capable d’assumer ses idées, de respecter ses militants, et d’organiser ses alliances avec sérieux. Il n’y a pas de démocratie forte sans partis forts.
Et il n’y a pas de partis forts sans doctrine clair, sans alliances sincères et sans ligne politique assumée.
Papa Moussa SY
SN Formation – PASTEF
DCAD

Sauf pour la coalition diomaye dont mimi toure en relation avec Jérôme bandiaky le tueur en série de Didier badji et de fulbert sambou