Ousmane Tanor Dieng : « À Dieu tonton », Cheikh Abdoul Ahad Gaïndé Fatma
« Mon neveu c’est très bien! Continue comme cela. Je suis fier de toi. Je te suis parce que ta grand-mère t’avait confié à moi. »
Tels étaient les mots que tu prononçais après la plupart des événements auxquels je participais, notamment le Grand Magal de Touba, ou en voyant certaines de mes sorties dans la presse. Tu ne pouvais pas imaginer la joie procurée par ces paroles d’un homme aussi grand. Pourtant j’intériorisais ce bonheur en moi sans que rien ne te fût perceptible. Homme de retenue et de mesure, tu aurais été encore plus fier en le découvrant. Nos rapports étaient ainsi, parce que bénis par Sokhna Maï, la sainte. Tu as veillé sur moi. Tu disais toujours à Sokhna Baaly : »Cheikh se débrouille très bien à Montréal lorsque j’y étudiais. À mon retour au Sénégal, tu me suggéras de travailler à la présidence à tes côtés. Mais à l’époque j’avais préféré rester près de Sokhna Maïmouna qui prenait de l’âge pour mieux m’imprégner des enseignements de Serigne Touba. Plus de vingt ans après, ton vœu est exaucé.
Ton départ pour l’au-delà coïncide avec ma nomination au poste de Ministre, Conseiller à la Présidence. Hélas tu ne seras pas là pour m’accompagner par tes conseils éclairés pour relever ce défi. Je n’ai même pas eu le temps de te dire que je considère cette nomination comme un sacerdoce et que je serai Incha ALLAH à la hauteur pour mériter cette marque de confiance du Chef de l’État, Le Président Macky Sall. Je n’aurais pas non plus la possibilité de te dire combien les « yalla na Neck sa weurseuk » m’importunent parce que cela montre le chemin que notre société doit encore parcourir pour se hisser à un certain niveau.
Ce niveau d’excellence que, toi, tu as atteint. Homme d’état accompli, mesuré, digne, généreux, compétent tu as tant contribué à l’enracinement de la démocratie. Tu as été de tous les combats pour la paix et le dialogue dans la plus grande discrétion. Ton rayonnement dépasse même nos frontières avec tes activités au sein de l’Internationale Socialiste.
Tu étais aussi un grand homme de foi et de vertus. Les guides religieux t’ont toujours accueilli à bras ouverts. Tu les considérais comme les stabilisateurs de notre pays. Tu leur accordais un profond respect et une grande considération. J’en connais certains qui aimaient particulièrement échanger avec toi parce que de ces discussions jaillissaient toujours des idées lumineuses. Lors de ta première visite à Touba en tant que Président du HCCT, tu me disais combien le choix du Président de la République d’inclure des personnalités des familles religieuses dans la composition des membres de l’institution était opportun et judicieux.
Si ta foi en Dieu est la source de cette dignité tant louée, ton éthique républicaine est, elle, l’émanation directe de cette piété dont je suis un témoin oculaire. Ton éducation faite de labeurs, de sens de sacrifices, de solidarité, de partage a éclairé tel un faisceau ce parcours si brillant. Tu as été l’incarnation noble de l’élégance et des valeurs religieuses, ancestrales et républicaines dans un syncrétisme harmonieux respectant profondément les préceptes de l’Islam. Nul doute tu continueras de nous inspirer pendant de longues périodes.
Nous présentons toutes nos condoléances au Président Macky Sall, à Sokhna Arame, à Sokhna Mame Filly, aux enfants, au Parti Socialiste et à tout le Sénégal qui vient de perdre l’un de ses fils les plus brillants.
Que Dieu vous accueille en son Paradis.
À Dieu Ousmane !
UN NEVEU !
amine