Mobilité intra-africaine : Ngoné Ndoye diagnostique les freins et propose des leviers de développement

La célébration de la Journée Internationale des Migrants a été marquée, jeudi dernier au Sénégal, par un panel de haut niveau initié par le Réseau migration développement (Remidev). Au cœur des échanges dirigés par l’ancien ministre des Sénégalais de l’Extérieur, Ngoné Ndoye, la mobilité sous-régionale et intra-africaine a été analysée comme un vecteur crucial de croissance, malgré les obstacles institutionnels et sécuritaires persistants.

Dans un contexte globalisé, marqué par la mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), la mobilité constitue un levier d’intégration économique, sociale et culturelle incontournable pour le continent. Selon Ngoné Ndoye, cette dynamique offre des opportunités significatives en termes de création d’emplois et de partage de ressources. Elle estime que le renforcement de ces flux est indispensable pour favoriser un développement endogène durable au Sénégal, en s’appuyant sur les atouts locaux.

Cependant, l’ancienne ministre a dressé un tableau sans concession des freins qui entravent cette libre circulation. Parmi les défis majeurs identifiés figurent les contrôles frontaliers stricts, les délais de transit prolongés et le coût élevé des transports. À cela s’ajoutent l’absence d’harmonisation des politiques de visa et l’instabilité sécuritaire dans certaines zones, causée par le terrorisme et les conflits locaux. Comme le rapporte Sud Quotidien, ces facteurs limitent considérablement les mouvements et réduisent la compétitivité des produits africains face aux importations extracontinentales.

Pour inverser la tendance et valoriser le potentiel sénégalais, plusieurs pistes de solutions ont été avancées lors de cette rencontre. Ngoné Ndoye a plaidé pour une harmonisation des politiques migratoires, suggérant l’instauration de visas multinationaux et l’accélération de la mise en œuvre de la carte d’identité et du passeport de la CEDEAO. Sur le plan économique, elle préconise un soutien accru aux initiatives communautaires, telles que les coopératives, et la promotion des entreprises sénégalaises sur le marché régional.

L’accent a également été mis sur la modernisation des infrastructures. L’investissement dans les axes routiers et ferroviaires transfrontaliers, ainsi que la modernisation du port de Dakar, sont perçus comme des priorités. Parallèlement, la digitalisation et la formation des compétences locales via des incubateurs pour les start-ups (agri-tech, fintech) doivent accompagner cette mutation. Le développement du tourisme intra-africain, à travers des circuits intégrés entre le Sénégal et ses voisins comme la Gambie ou le Mali, constitue une autre voie prometteuse.

En clôture de l’événement, Mamoudou Diop, Président de l’ONG Union pour la solidarité et l’entraide, a exprimé sa satisfaction quant à l’évolution de la prise en charge de cette problématique. Il a rappelé que si la célébration de cette journée était initialement portée par la seule société civile en 2003, elle bénéficie aujourd’hui de l’impliction de l’État et d’organismes internationaux comme l’OIM.

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