Le coordonnateur départemental du Forum Civil à Kédougou, Guimba Diallo, accueille avec prudence l’appel du chef de l’État invitant les sociétés minières à devenir des « partenaires de progrès » plutôt que de simples exploitants. Intervenant suite au discours présidentiel prononcé à l’ouverture du Salon international des mines, il estime que l’idée va « dans le bon sens », mais rappelle que les populations ont trop souvent entendu des engagements qui ne se traduisent pas sur le terrain.
« C’est une déclaration qui nous réconforte, parce qu’elle reconnaît la nécessité d’une solidarité réelle entre les compagnies minières et les communautés locales », souligne-t-il. Cependant, Diallo déplore que les mécanismes prévus pour améliorer l’impact local, comme le Fonds de développement local, « ne soient pas encore ancrés dans les pratiques ». Selon lui, « il y a toujours des annonces, mais rarement des effets concrets ».
Face à la volonté présidentielle de promouvoir une gouvernance « souveraine et inclusive », le militant du Forum Civil reste prudent. Il rappelle que les conventions minières, souvent verrouillées sur plusieurs décennies, limitent la marge de manœuvre des autorités.
« Depuis plusieurs régimes, on nous dit que les choses vont changer, mais sur le terrain, la situation reste la même », insiste-t-il.
Guimba Diallo met également en garde contre les tensions sociales qui peuvent surgir lorsque les populations riveraines ne voient pas les retombées de l’exploitation des ressources. « Quand les communautés vivent dans la pauvreté et voient les richesses sortir de leur sol sans bénéfice direct, cela crée des frustrations. Les sociétés ont intérêt à s’entendre avec les populations pour éviter les conflits », avertit-il.
Pour lui, l’enjeu est clair : passer des discours à des actions mesurables, visibles et durables au profit des territoires impactés par l’activité minière. « Nous attendons de voir. Seuls les actes permettront de juger si ce discours marque une vraie rupture. »
