Vendredi dernier, le collectif « Rappel à l’Ordre » a mobilisé dans les rues de Dakar pour réclamer la libération des détenus dits politiques et dénoncer la reddition des comptes jugée sélective. Pour le Pr Demba Gueye, enseignant-chercheur et analyste du discours politique, cette manifestation ne peut être comparée aux grands rassemblements des dernières années.
« Sur le plan du contexte, on ne peut pas mettre ces mobilisations sur le même pied », explique-t-il. « Les marches de fin de mandat avaient des objectifs électoraux précis, alors que celle-ci vise avant tout à mettre la pression sur la justice et les nouvelles autorités pour que la reddition des comptes soit abandonnée. »
Le chercheur rappelle toutefois que la transparence et la bonne gouvernance constituent des principes intangibles. « En tant qu’intellectuels, nous ne pouvons pas cautionner un discours qui voudrait balayer le principe de reddition des comptes. Mais sur la forme, il est positif que la société civile et l’opposition se réveillent et occupent l’espace public », nuance-t-il.
Pour lui, cette mobilisation témoigne d’un regain d’activité citoyenne. « Dans une démocratie, il faut une opposition qui se fasse entendre, et des manifestations qui rappellent aux gouvernants leurs promesses », souligne le Pr Gueye.
En définitive, l’enseignant-chercheur voit dans ce « rappel à l’ordre » un sursaut démocratique salutaire, mais estime que son fondement — la contestation de la reddition des comptes — reste problématique.
