La région de Matam, située au nord du Sénégal, enregistre un taux de prévalence de 36 % en matière de violences basées sur le genre (VBG), d’après Bany Touré Dramé, directrice régionale de la Famille et des solidarités. Ce chiffre, parmi les plus élevés du pays, a été révélé lors d’un atelier consacré à ce fléau. Les mutilations génitales féminines (MGF) restent également une pratique ancrée dans le département de Matam, avec un taux de prévalence de 83 %, selon Adama Diop, point focal institutionnel du Comité départemental pour la protection de l’enfance (CDPE).
Face à cette situation préoccupante, la directrice régionale de la Famille et des solidarités a lancé un appel à l’action. « La situation des violences basées sur le genre dans la région de Matam est préoccupante et se traduit de plus en plus comme une source d’inquiétude à laquelle il faut apporter des solutions », a-t-elle déclaré. Elle a insisté sur les conséquences psychologiques, physiques et économiques de ces violences, plaidant pour la création d’un centre d’assistance dédié aux victimes. Les participants à l’atelier ont élaboré une feuille de route et lancé un appel aux pouvoirs publics, ONG et acteurs locaux pour soutenir ce projet.
Concernant les MGF, malgré l’interdiction légale depuis 1999, le département de Matam affiche un taux de prévalence alarmant. Adama Diop, s’appuyant sur les données des Enquêtes démographiques de santé à indicateurs multiples (2019-2023), a souligné que les changements significatifs escomptés tardent à se manifester au sein des communautés. Le CDPE mise sur l’Approche transformatrice de genre (ATG) pour s’attaquer aux causes profondes de ce phénomène. Une formation de trois jours a été organisée pour les professionnels de la justice, de l’éducation, de la santé et de la société civile. Des séances de sensibilisation ont également été menées auprès des acteurs communautaires, chefs religieux et coutumiers. L’accent a été mis sur le renforcement des capacités des participants en matière d’écoute de l’enfant, de détection des signes de violence et de connaissance des instruments juridiques internationaux. « D’habitude, dans les éléments de preuve, des pièces, comme le certificat médical, manque parfois. On demande aux parents de payer pour avoir un certificat médical, tout en oubliant que l’enfant a des droits, qui sont inaliénables aux droits à la santé », a déploré le chargé de la protection des enfants. Il a insisté sur le fait que « l’acquisition de la pièce médicale, n’est pas un droit qu’on peut vendre, il faut que l’enfant puisse en jouir pleinement ».