Maroc : Des dizaines d'interpellations après des manifestations de jeunes, l'opposition dénonce une « approche sécuritaire excessive »

Plusieurs dizaines de jeunes ont été interpellés au Maroc ce week-end lors de rassemblements organisés dans plusieurs villes, notamment Rabat, Casablanca, Marrakech et Agadir. Ces mobilisations ont été initiées par un collectif en ligne, « GenZ 212 », qui réclame des réformes des systèmes de santé et d’éducation.

Selon les informations rapportées par WalFadjri, les forces de l’ordre ont empêché les manifestations, procédant à de nombreuses arrestations. Hakim Sikouk, président de la section de Rabat de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), a évoqué un chiffre de « plus de 100 interpellations ». Il a été précisé que les personnes arrêtées la veille à Rabat avaient toutes été relâchées après une vérification d’identité.

À l’origine de ces appels se trouve le collectif « GenZ 212 », dont le nom combine la « Génération Z » et l’indicatif téléphonique du Maroc. Apparu sur les réseaux sociaux, notamment sur la plateforme Discord où il rassemble des milliers de membres, le groupe se présente comme un espace de discussion apolitique. Ses revendications, diffusées sous le slogan « Liberté – Dignité – Justice », portent sur l’amélioration des services publics, la lutte contre la corruption et la garantie de la justice sociale, tout en affirmant ne pas être opposé à la monarchie.

Ces arrestations ont suscité des réactions de la part d’organisations de défense des droits humains et de formations politiques de l’opposition. L’AMDH a condamné ces interpellations, tout comme le Parti justice et développement (PJD) et la Fédération de la gauche démocratique. De son côté, le Parti socialiste unifié (PSU) a dénoncé une « approche sécuritaire excessive ». La présence de figures connues de la gauche parmi les personnes interpellées a alimenté, selon certains médias, des accusations de récupération politique, ce que le collectif réfute. Cette situation, où les forces de l’ordre interviennent face à des mouvements de jeunesse, n’est pas sans rappeler d’autres contextes sur le continent, comme les tensions récentes à Madagascar qui ont suscité l’inquiétude d’organisations régionales.

Ce mouvement émerge dans un contexte social marqué par un taux de chômage des jeunes avoisinant les 30% et une inflation affectant les ménages. Un drame sanitaire survenu début septembre à Agadir, où huit femmes enceintes sont décédées dans un hôpital public, a également contribué à cristalliser la colère contre les défaillances perçues du système de santé.

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