« Macky Sall évite le rapprochement Mimi-Diouf Sarr » (Thierno DIOP)

Une vraie incongruité, cette nomination de Abdoulaye Diouf Sarr ! Alors que l’on épilogue encore sur sa gestion des fonds alloués à la lutte contre le Coronavirus, l’ancien maire de Yoff est bombardé patron du Fonds souverain d’investissements stratégiques. (FONSIS).

C’est Macky Sall qui gagne à tous les coups et Diouf Sarr qui perd sur toute la ligne. Primo, cette structure ne saurait apporter à l’ex-ministre de la Santé les moyens d’intervention sociale dont il a besoin pour survivre politiquement, car le fonds a pour partenaires des acteurs du secteur privé, national et international, qui contrôlent rigoureusement les sous.

Mieux, le leader de l’Alliance pour la république se met à l’abri d’une éventuelle fronde et évite un rapprochement des frustrés de l’Apr, sous la houlette de Mimi Touré et Abdoulaye Diouf Sarr. Il coule de source qu’il existe au sein du parti au pouvoir un courant dormant de légitimistes qui pourraient à tout moment secouer le cocotier. D’ailleurs, il y a eu plusieurs tentatives par le passé, notamment lorsqu’avant les locales et les législatives, feu Alioune Badara Cisssé et Aminata Touré avaient esquissé des manœuvres souterraines dans ce sens.

Qui plus est, Diouf Sarr ne peut plus se servir de son statut de député comme d’un parapluie sécuritaire pour, en cas de révolte, mener la bataille sur le terrain médiatique et conférer du retentissement à une éventuelle posture victimaire, comme le fait présentement Aminata Touré.

De plus, dans ce contexte de tensions croissantes à Ngor, la promotion d’un homme du « terroir », même s’il habite Yoff, peut aider à rassurer les populations.

En un mot comme en mille, Abdoulaye Diouf Sarr se fait hara-kiri. Mais avait-il le choix ? Qui veut aller loin ménage sa monture, la vie d’opposant n’est pas aisé quand on a été habitué à briller sous les lambris dorés du pouvoir.

Thierno DIOP, Journaliste