Livre Cheikh Yérim Seck : Un ouvrage qui tente de fausser les pistes d’un pouvoir finissant*

Livre Cheikh Yérim Seck : Un ouvrage qui tente de fausser les pistes d’un pouvoir finissant*

Alors que le feuilleton Adji-Sarr-Sonko continue de défrayer la chronique et que le spectre d’un troisième mandat avec tous les dangers se profilent à l’horizon, le pavé de l’ouvrage de Cheikh Yerim Seck, jeté dans la mare du paysage politique sénégalais mérite d’être traqué, circonscrit, analysé puis soumis au tamis de la critique littéraire loin du populisme ambiant et du clientélisme politique qui voudraient bien clouer au pilori le journaliste pour le faire taire.

Or, faire taire un-e journaliste n’est jamais chose aisée surtout autour de certains plateaux de télévision où la méthode de persuasion se perd souvent dans le magma de l’émotionnel, des insultes et de la partisannerie.
Tel l’oiseau de Minerve qui ne prend son envol qu’au crépuscule, nous attendions que les supputations de l’heure sur l’ouvrage se dissipassent et que les voyeurismes ambiants se tussent pour que nous pussions calmement lire l’ouvrage à tête-reposée pour y apporter notre modeste contribution que nous entendons asseoir sur de la rigueur scientifique, dénudée de toute forme de subjectivité.

D’emblée, la personne de Cheikh Yerim Seck ainsi que toutes les casseroles qu’il traine avec lui dans sa vie privée nous intéresse peu, mais le produit livresque qu’il vend aux Sénégalais nous interpelle, au premier chef, en tant qu’universitaire.

Un tout petit regard panoramique sur la forme de l’ouvrage du journaliste tique sur le non-respect des éléments de base de l’écriture aussi bien au niveau de la ponctuation qu’au niveau de la phraséologie. Ainsi, l’on ne saurait se demander comment cela a-t-il pu échapper à la vigilance et à la rigueur d’une maison d’Édition aussi réputée que L’Harmattan ?

Loin s’en faut, un regard plus profond, inquisiteur et méticuleux dans le fond de l’ouvrage décèle, en substance, un ouvrage bien plein de symboles anecdotiques qui captent l’imagination et aiguisent l’appétit de tout lecteur ou toute lectrice qui s’aventurerait à lire les premières pages. Bref, l’auteur aura bien réussi à enchaîner des anecdotes qui se suivent mais ne se ressemblent pas au grand dam de lecteurs qui prennent souvent la chose lue au pied de la lettre.

Un ouvrage plein de symboles

Si la couverture ne fait pas le livre, celle de l’ouvrage du journaliste allie couleurs et images pour capter la passion de ses lecteurs pour ses propres comptes.  Il va s’en dire que la déclaration officielle de retrait du journaliste de l’espace médiatique ne fut que l’excuse d’un recul pour mieux sauter. Autrement dit, son surgissement brusque sur la scène politique trahit déjà les propos d’un journaliste, dont savait honnête et dont l’écart entre le dire et le faire maintenant aurait pu simplement le disqualifier et disqualifier son ouvrage.

Nonobstant ce retournement de veste dans les propos, l’intérêt que son ouvrage suscite a fort caché l’écorcement de son ego blessé dans une tentative de retour triomphal pour sauver les meubles de ce qui resterait d’un pouvoir finissant. Quel Attila ! là où l’ouvrage du journaliste passe un morceau de son charisme semble bien trépasser.

Heureusement que ce qu’il perd en légitimité, il le gagne en silence face aux insulteurs publics qui parlent de son ouvrage sans y avoir lu une seule page. Soyez rassurés que nous ne faisons pas de cette catégorie car nos veillées nocturnes pour disséquer chaque chapitre et raffoler de chaque page de son ouvrage nous a permis de bien cerner l’ouvrage dont le contenu peut certes alimenter les débats politiques, mais ne saurait résister à la rigueur scientifique universitaire qui lui exigerait une clarté de sources et une contextualisation des citations.

Malgré la clarté du propos et la facilité d’accès à la pensée de l’auteur que nous lui reconnaissons cependant, le respect scrupuleux des techniques de la narratologie est vachement violé pour le compte de simples anecdotes (voir Gérard Genette la narration, le récit et l’histoire). Or, les symboles anecdotiques qu’il fait planer sur Ousmane Sonko pour redonner de l’aile à l’affaire Adji Sarr sont symptomatiques d’une volonté pour le journaliste de faire juger ce dernier au tribunal de la société sénégalaise.  C’est ainsi que, derrière des images juxtaposées de la couverture de l’ouvrage, se décèle bien ce métal Bronze symbolisant la force militaire, quoiqu’il indique aussi un état ancien de la civilisation matérielle plus connue sous le sobriquet Âge de Bronze. Cette métaphore est forte car elle semble bien convoquer le militantisme armé avec la recrudescence de slogans du pouvoir tels que « force restera à la loi ».

Ce symbolisme militaire se couvre dans un gant de velours d’un symbolisme de fausse spiritualité convoquant souvent la morale religieuse autour du Prophète de l’Islam ou autres saints hommes pour valider la thèse d’un ouvrage dans le but de neutraliser et d’endormir la partie éclairée du cortex, siège du cerveau pensant du sénégalais lambda.

À ce symbolisme militaire et spirituel, vient aussi naturellement se greffer celui de l’amour à travers l’anecdote de l’agression de sa femme, Astou Dione, qui servirait de marmite de victimisation où l’auteur va s’engouffrer paisiblement pour livrer le reste de ces 22 chapitres. Espérons vivement que la belle Astou tiendra cette marmite chaude pour longtemps ; nous souhaitons qu’elle la tienne aussi longtemps que possible !

En définitive, il ne prend pas de grande gymnastique intellectuelle pour déceler le dernier coup de ruse que le journaliste donne à la psyché de ses lecteurs pour mieux gommer le souvenir de tout ce qu’il a raconté du Président, Macky Sall dans sa « mal gouvernance » dans les chapitres précédents.  En voulant sciemment déplacer son curseur vers les gros travaux que le Président de la République doit réaliser pour son pays (en contradiction flagrante avec le chapitre 20 sur la tâche noire d’une troisième candidature sur l’histoire du Sénégal), le journaliste creuse la propre tombe de son ouvrage qui joue la reverse-psychology sur ses lecteurs.

Conclusion

Il est évident que le journaliste étale bien un éventail d’astuces journalistiques forgés dans ses longues expériences dans la pratique du métier de journalisme. Comme tout bon journaliste qui connait bien le Sénégal, il a bien compris que les anecdotes sont souvent de très bon repas qu’il faut servir à une population sénégalaise affamée d’une qualité d’information fiable à laquelle elle n’a pas toujours accès. Des ouvrages anecdotiques de ce genre peuvent faire beaucoup de bruits dans le contexte d’une société de tradition orale comme la nôtre. Les anecdotes deviennent en soi presque une source intarissable de littérature orale (nous dirait certainement le spécialiste de la littérature orale Professeur Modou Fattah Thiam de Gaston Berger) où puisent toujours les vendeurs d’illusion les habillent dans un beau langage digne de la fable du Corbeau et du Renard de La Fontaine pour en faire de vraies histoires.

Or, le caractère anecdotique d’une chose fait souvent référence à un simple fait curieux ou pittoresque susceptible de divertir. C’est justement dans la mobilisation de ce mécanisme de divertissement à travers des anecdotes bien auréolées de citations ornées de chiffres que l’auteur a dû réussir son coup d’essai livresque mais pas pour longtemps.

Malheureusement, en tressant les couronnes de la Première Dame, Marieme Faye Sall, d’une part et en exposant les manquements gravissimes du Président de la République, d’autre part, le journaliste se démasque vite dans son jeu de plume trempée dans l’encre noire de complicité avec un pouvoir pour éliminer un adversaire politique en l’occurrence, Ousmane Sonko. En sus, dans une dernière tentative d’entrer dans la conscience du Président de la République pour lui faire répondre à toute une série de questions de toute nature devant son peuple, on dirait que le journaliste s’est finalement résolu à l’avocat du diable qui resterait coincé dans le détail d’une affaire Adji Sarr-Sonko dont Allah seul sait les futurs tenants et aboutissants.

*Dr. Moustapha Fall
Enseignant-chercheur au Canada
Email : fallm77@gmail.com

2 COMMENTAIRES
  • Soweto

    Ce yerim ne mérite aucune attention lui même violeur père de violeur et fils de violeur en voulant salir dhonnete senegalais et exposer au vendict populaire il se retrouve lui même au tribunal populaire. Cheikh yerim SEX est le senegalais qui à la pire naissance de tous les temps.

  • Patriote

    Au moins yerim seck a creer des emplois au Senegal et vous etes au Canada pour raconter quoi

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