L'illusion Macky Sall: L'Afrique au cœur, vitrine trompeuse de douze ans de pouvoir (Par Papa Moussa Sy)*

Le nouveau livre de Macky Sall, L’Afrique au cœur, se présente comme un hymne à la souveraineté, à la jeunesse et à l’inclusion. Mais il ressemble davantage à une opération de réhabilitation d’image qu’à un témoignage sincère. Celui qui se pose aujourd’hui en chantre de la justice et du dialogue fut, au pouvoir, l’artisan d’une gouvernance marquée par les interdictions, la répression et la dépendance accrue aux intérêts étrangers. Il suffit de rappeler des faits précis. En juillet 2023, son régime fit dissoudre le principal parti d’opposition, PASTEF, sur la base d’accusations d’« appels à l’insurrection». Les manifestations qui suivirent furent violemment réprimées : des dizaines de jeunes furent tués par balles, des centaines emprisonnés, et en mars 2024 une loi d’amnistie vint couvrir ces crimes, empêchant toute vérité et toute justice.
La liberté de la presse fut également mise à genoux. Le journaliste Pape Ndiaye, chroniqueur à Walf TV, a été arrêté en mars 2023 et passa plus de 100 jours en prison. Pape Alé Niang, figure respectée de l’investigation, fut arrêté à plusieurs reprises, placé en détention et réduit au silence dans des conditions judiciaires draconiennes. En novembre 2023, Abdou Khadr Sakho et Mangoné Ka furent arrêtés pour avoir simplement relayé des propos critiques. Dans son livre, Macky Sall se félicite d’avoir « renforcé les institutions démocratiques, comme la Cour des comptes » (p. 51). Mais ce décor institutionnel cache mal la dérive autoritaire qui fit reculer le Sénégal de la 49ᵉ place en 2022 à la 94ᵉ en 2024 dans le classement RSF. Heureusement qu’en 2025, le pays a gagné 20 places dans le classement, passant ainsi de la 94ème à la 74ème place.
Cette logique autoritaire s’est accompagnée d’une faillite économique et sociale qui rend encore plus cynique son plaidoyer actuel pour la jeunesse. Dans L’Afrique au cœur, le leader de l’APR écrit : « La vocation de la jeunesse africaine n’est pas d’échouer dans la Méditerranée ni de vivre dans la clandestinité. Nous devons combattre ensemble l’émigration clandestine » (p. 204). Mais en août 2023, le drame de Fass Boye illustra l’ampleur du désespoir : une pirogue partie avec 101 jeunes mit trente-six jours à dériver vers les Canaries ; seuls 38 survécurent, 63 périrent. En septembre 2024, au large de Mbour, 39 migrants sénégalais se noyèrent dans un nouveau naufrage. En 2023 seulement, plus de 3 000 personnes ont péri sur les routes maritimes, dont un nombre important de Sénégalais. Ces tragédies trouvent leur origine dans les politiques de Macky Sall, qui a bradé les ressources halieutiques du pays à des flottes étrangères, signant des accords de pêche qui ont étranglé les artisans sénégalais. Dans les quartiers côtiers de Saint-Louis à Joal, des milliers de familles ont vu leurs revenus s’effondrer, poussant la jeunesse vers une migration forcée.
Mais la pêche n’est pas le seul secteur bradé. Macky Sall affirme que « l’Afrique ne veut plus être seulement un réservoir de matières premières » (p.13). Pourtant, sous sa présidence, les ressources naturelles du Sénégal ( pétrole, gaz, zircon, phosphate, or ) furent concédées dans des conditions d’opacité dénoncées par plusieurs organisations citoyennes. Les contrats passés avec BP, Kosmos Energy, Woodside ou encore des compagnies chinoises, illustrent une logique où la souveraineté économique s’efface au profit des puissances étrangères. Le champ gazier de Grand Tortue Ahmeyim, à cheval entre le Sénégal et la Mauritanie, est ainsi contrôlé à plus de 70 % par des sociétés étrangères, l’État sénégalais se contentant de miettes. À Diogo, dans la région de Thiès, les carrières de zircon furent attribuées à des groupes étrangers malgré l’opposition des populations locales, réprimées dans le sang en 2017 et en 2021. Quant au phosphate, richesse stratégique de Taïba, il a été accaparé dans le cadre de partenariats déséquilibrés qui laissent aux villageois la poussière et aux multinationales la rente.
A cela, s’ajoute un héritage économique calamiteux. Macky Sall aime se présenter comme l’homme de « l’émergence », mais il laisse derrière lui une montagne de dettes contractées dans l’opacité. Les fameux projets d’infrastructures, du Train express régional confié à Alstom et Engie/Thales, au BRT de Dakar, ont englouti des centaines de milliards de francs CFA financés par l’endettement extérieur. Pire encore, une partie de ces emprunts relève de ce que les experts et institutions financières appellent désormais des « dettes cachées » : emprunts contractés hors budget ou sans contrôle parlementaire, à travers des mécanismes complexes et opaques. Autrement dit, il n’a jamais appliqué, dans la gestion de son propre pays, la transparence qu’il exige des institutions internationales et la dépendance économique qu’il prétend combattre dans son livre.
Ce double langage éclate encore plus, à la lumière de son exil actuel. Celui qui proclamait aimer son pays plus que tout, dans son premier ouvrage Le Sénégal au cœur, paru en 2019, n’ose plus revenir dans ce pays qu’il a gouverné pendant douze ans. Les rancunes accumulées, les colères contenues et les blessures ouvertes rendent son retour périlleux. Il préfère multiplier les conférences internationales, loin de Dakar, comme pour se réfugier derrière des tribunes lisses afin d’éviter le face-à-face avec son peuple. Comment incarner la voix d’un continent quand on n’ose pas affronter celle de sa propre nation ?
Pour parachever cette dissonance, même le titre de son ouvrage n’est pas de lui : L’Afrique au cœur est déjà celui d’un récit de l’écrivaine zimbabwéenne Alexandra Fuller. Ce plagiat symbolique dit tout : Macky Sall en est réduit à emprunter des mots comme il a bradé des ressources, à user de concepts comme il a distribué des marchés, à clamer des idéaux qu’il n’a jamais incarnés.
Au bout du compte, ce livre n’est pas le manifeste d’une Afrique nouvelle, mais celui d’un ancien chef d’État en quête de réhabilitation. Les faits, les chiffres, les noms, les contrats, les morts, tout contredit sa rhétorique. L’Afrique n’a pas besoin de discours usurpés, mais d’une cohérence entre la parole et l’action. Or, c’est précisément ce que Macky Sall n’a jamais su offrir à son peuple.

*Papa Moussa SY
Professeur de Lettres / Écrivain
Responsable politique de PASTEF

Votre avis sera publié et visible par des milliers de lecteurs. Veuillez l’exprimer dans un langage respectueux.

17 commentaires

  1. Vraiment dagno dioume, rethiou national, du n’importe quoi, moi je me demande qui est notre président, ayy taff yeungueule, régime tatonage. Lambatou rekk.prendre un régime et puis aprendre à diriger y’a pas plus grave que ça une vrai suicide..


  2. Vous n’avez parle que de faits verifiable et prouve. Ce batard croit pouvoir trompe encore les Senegalais avec son livre de merde. 9th


  3. Quand un militant pastef prend sa plume ce n’est jamais pour parler du projet tant vendu aux sénégalais.

    Chacun déverse sa bile sur Macky comme s’il etait encore au pouvoir !

    Ce militant qui parle de journalistes emprisonnés alors qu’aujourd’hui journalistes et chroniqueurs sont en prison pour rien !

    De l’avenir économique ces militants sont muets…c’est peut être qu’une peuvent rien dire car rien n’est fait depuis bientôt 2ans .

    Le pouvoir n’a qu’à choisir entre combattre Macky et gouverner le pays .


  4. Beaucoup mourront aigris, victimes de leur jalousie: le texte ressemble à l’auteur.

    Il valait mieux que tu te taises.


  5. MACKY SALL , un faux type . De son air sérieux qu’il dégage l’homme est tricheur dans son âme , méchant , rancunier, tricheur , vaut rien , fraudeur , en somme il est m’avais


  6. Un vrai domeram ak sa famille ki yalla commencer nagniou atte ak mom ses proches fuient comme des rats ay tapettes


  7. Vraiment Senego, désolé de le dire, mais certaines de vos publications sont empreintes de méchanceté gratuite. Le livre du président Macky Sall est une œuvre formidable et inspirante. En douze ans, il a développé le Sénégal. Si vous ne pouvez pas le féliciter, alors abstenez-vous de commentaires hors sujet. Pape Moussa Sy retourne à l’école mon cher vous avez beaucoup à apprendre de Macky Sall


  8. Papa Moussa SY

    Professeur de Lettres / Écrivain

    Responsable politique de PASTEF

    Yaw doul wayyy niakk Fayeda RÉKK

    Yaw pastéf rek ga meuna bokk

    Fén Kat yi AK sén leader oussou Badio sweet beauté aka Beugeu Data


  9. Sy, tu vas mourir de haine. Plus vous aboyerez, plus Dieu va faire encore monter plus haut le président Sall.


  10. C’est trop facile de critiquer ou de jeter à la poubelle un ouvrage quel qu’il soit et de qui que ce soit.

    Les dires de ce Monsieur jaloux, aigri ne tiennent pas. MACKY SALL à osé écrire et présenter un ouvrage que la plupart des Africains apprécient.

    C’est comme si s’attaquer au président Macky Sall reste un des critères exigés pour avoir un strapontin.

    Ressaisusons-nous et cryons en la décision divine.


  11. MACKYAVELIQUE SALL, CHEF DES KULUNAS, VAURIENS, VOLEURS, MENTEURS, MANIPULATEURS, CRIMINELS AVEC LEURS COMPLICES ET SUPPORTERS PAIERONT INCH’ALLAH TOUS LES MAUX QU’ILS ONT CAUSÉS AU SÉNÉGAL 🇸🇳.

    LE BIEN MAL ACQUIS NE PROFITE JAMAIS. JUSTICE ⚖️⚖️⚖️⚖️ POUR LE SÉNÉGAL 🇸🇳.

    VIVE LE SÉNÉGAL 🇸🇳 JUSTE ET PROSPÈRE. AMINE 🙏 🙏 🙏


  12. Merci professeur. Votre texte mérite d’être enseigné dans les universités sénégalaises et même africaines.


  13. Pape Moussa toute cette lithanie c’est ce qu on appelle une diarrhée verbale je suis vraiment déçu pour un professeur de français le texte est nul


Laisser un commentaire