Lettre ouverte : Amadou Gueye invite la France à livrer les fugitifs recherchés par la justice sénégalaise

Le juriste sénégalais Amadou Gueye interpelle Paris sur la tendance croissante de certains prévenus et accusés à fuir vers la France en invoquant de fausses menaces pour échapper à la justice de leur pays.

La France est universellement respectée pour son attachement aux droits humains et son rôle historique de terre d’asile. Ce noble principe honore la République française et inspire bien des nations africaines, dont le Sénégal.

Mais aujourd’hui, ce principe sacré est parfois dévoyé. On observe une dérive inquiétante : des citoyens sénégalais poursuivis pour des crimes économiques ou financiers utilisent le droit d’asile comme un bouclier contre la justice de leur pays.
Sous prétexte de menaces imaginaires, ils quittent le Sénégal pour se réfugier en France, cherchant ainsi à se soustraire à leurs responsabilités judiciaires.

Et pourtant, s’ils avaient commis en France les délits qui leur valent d’être poursuivis au Sénégal — corruption, association de malfaiteurs, blanchiment de capitaux —, ils auraient été sévèrement sanctionnés. L’exemple de la condamnation de l’ancien président Nicolas Sarkozy en est la preuve : la justice française ne transige pas avec l’État de droit.

De la même manière, le Sénégal d’aujourd’hui n’est pas une terre d’impunité. Sous la présidence de Bassirou Diomaye Faye, le pays s’efforce de bâtir une justice indépendante et impartiale. Le chef de l’État a d’ailleurs donné l’exemple en quittant les instances dirigeantes de son parti dès son investiture. Le procureur Ibrahima Ndoye, reconnu pour sa rigueur, incarne cette volonté d’une justice égale pour tous, sans favoritisme ni influence politique.

Le Sénégal renforce chaque jour ses institutions de contrôle et de transparence — CENTIF, GIABA, GAFI, pool judiciaire financier — pour lutter efficacement contre la corruption et l’enrichissement illicite. Ce sont les fondements d’un État moderne et crédible, engagé sur la voie de la bonne gouvernance.

“La France ne doit pas être un abri pour les fugitifs”

Monsieur le Président, la France doit demeurer fidèle à ses principes, mais ne saurait devenir un sanctuaire pour les délinquants économiques d’autres pays.
La coopération judiciaire entre Dakar et Paris repose sur la confiance et la réciprocité : le Sénégal juge, dans le respect du droit et de la présomption d’innocence.

Je vous demande humblement de veiller à ce que les personnes poursuivies par la justice sénégalaise ne puissent pas se cacher derrière le drapeau français pour échapper à leurs actes. Le Sénégal a prouvé, avec le procès de Hissène Habré, sa capacité à rendre une justice équitable, respectueuse des normes internationales.

Le Sénégal est un État responsable, conduit par des hommes et des femmes à la conscience éclairée.
Aujourd’hui, la liste des fugitifs qui cherchent refuge en France s’allonge dangereusement. Il est temps d’y mettre fin, afin de préserver la crédibilité de la justice, la coopération entre nos deux pays et le respect du droit.

Amadou Gueye
Juriste – Analyste, Cadre à l’AGETIP
Fondateur du Mouvement YITTÉ SÉNÉGAL

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