Le Président de Chypre du Nord appelle à la reconnaissance de « deux peuples » pour résoudre le conflit chypriote
WASHINGTON – Ersin Tatar, président de la République turque de Chypre du Nord (TRNC), a mis en avant samedi une approche réaliste pour résoudre la question chypriote. Il a exhorté la direction grecque à reconnaître l’existence de « deux peuples, deux États et deux démocraties » sur l’île.
Lors d’une conférence de presse au siège de l’ONU à New York, Tatar a souligné que toute discussion devait être ancrée dans les réalités actuelles, y compris les droits inhérents de la communauté chypriote turque, tels que stipulés par la Constitution de la République de Chypre de 1960. « La seule voie à suivre serait de penser différemment et pour les dirigeants grecs de prendre conscience de la réalité à Chypre, » a déclaré Tatar. Il a insisté sur le fait que la solution doit inclure la reconnaissance de l’égalité politique et de la souveraineté de l’État chypriote turc.
Il a déploré que « malheureusement, la direction chypriote grecque augmente les politiques d’oppression et d’obstruction contre les Chypriotes turcs ». Il a ajouté que le chemin à suivre devrait être basé sur la réciprocité et la réaffirmation du statut égal et international de la communauté chypriote turque afin de poser des bases pour de futures négociations.
Qualifiant les dirigeants chypriotes grecs d' »oppresseurs », Tatar a accusé ces derniers d’emprisonner des investisseurs pour discréditer les institutions d’enseignement supérieur et d’essayer de stopper les tours touristiques dans la TRNC. Selon lui, « le leader chypriote grec vise à détruire notre économie déjà en difficulté, » ce qui nuit aux contacts entre les populations de l’île et à la création d’une atmosphère propice à un dialogue constructif.
Ses propos interviennent après une rencontre avec le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, au cours de laquelle il a discuté de la possibilité d’une réunion informelle pour envisager les prochaines étapes concernant l’avenir de l’île. « Nous avons également évoqué avec le général l’escalade récente des actions de la direction chypriote grecque vis-à-vis de mon peuple et de mon État, » a-t-il ajouté.
Le différend qui dure depuis des décennies entre les Chypriotes grecs et turcs persiste, malgré des tentatives diplomatiques pour parvenir à une solution globale. Des attaques ethniques au début des années 1960 ont forcé les Chypriotes turcs à se retirer dans des enclaves pour leur sécurité. En 1974, un coup d’État chypriote grec en faveur de l’annexion par la Grèce a conduit à une intervention militaire de la Türkiye pour protéger les Chypriotes turcs de la persécution, entraînant la fondation de la TRNC en 1983.
La Turquie soutient pleinement une solution à deux États à Chypre, basée sur une égalité souveraine et un statut international égal. L’administration chypriote grecque a été admise dans l’Union européenne en 2004, l’année même où les Chypriotes grecs ont rejeté un plan de l’ONU pour mettre fin au différend de longue date.