Le Nigeria traversé par des tensions au lendemain d’une attaque meurtrière

Le Nigeria traversé par des tensions au lendemain d’une attaque meurtrière

Au lendemain d’une attaque qui a fait plusieurs dizaines de morts dans l’Etat de Benue, une manifestation a été dispersée par la police dimanche à Makurdi, la capitale de cet Etat, dans le centre du Nigeria.

Plusieurs milliers de personnes sont descendues dans les rues de la ville, selon des témoins locaux et des vidéos postées sur les réseaux sociaux, pour demander au gouverneur de Benue des mesures urgentes contre les violences en cours depuis plusieurs mois dans la région.

Selon des témoins, la police a lancé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule.

« C’était une manifestation pacifique et la police est arrivée et a jeté des gaz lacrymogènes, beaucoup de gens se sont enfuis », a raconté à l’AFP John Shiaondo, journaliste local qui suivait le cortège.

« Nous exerçons notre droit de manifester pacifiquement contre les meurtres incessants de notre peuple, et maintenant la police nous tire dessus avec des gaz lacrymogènes », a témoigné Joseph Hir, un manifestant, à l’AFP.

« Les manifestants ont reçu un délai précis de la part des forces de sécurité pour mener leur manifestation pacifique, ils ont manifesté sans incident et sans faire de blessés. Lorsque le moment est venu de se disperser, ils ont reçu l’ordre de le faire », a déclaré le porte-parole du gouverneur de Benue, Tersoo Kula, dimanche après-midi à l’AFP.

Dans la nuit de vendredi à samedi, des hommes armés ont tué plusieurs dizaines de personnes à Yelewata, dans le centre du pays, région qui connait une recrudescence de violences depuis plusieurs mois, entre éleveurs peuls musulmans et agriculteurs sédentaires, principalement chrétiens, pour le contrôle des terres et des ressources.

Le porte-parole du gouverneur de Benue a affirmé dimanche à l’AFP que le bilan de l’attaque s’élevait à 45 morts, quand plusieurs habitants de Yelewata mentionnaient samedi « au moins 100 morts ».

Depuis Rome, le pape Léon XIV a mentionné dimanche en marge de sa traditionnelle prière hebdomadaire « un terrible massacre où environ 200 personnes ont été tuées avec une extrême cruauté, dont la majorité étaient des déplacés intérieurs, accueillis par la mission catholique locale ».

« Je prie pour que la sécurité, la justice et la paix prévalent au Nigeria, un pays aimé et frappé de diverses formes de violence », a-t-il aussi déclaré.

Le gouvernement fédéral nigérian n’a pour l’heure pas commenté cette attaque.

Les attaques dans cette région dite de la Ceinture centrale du Nigeria prennent souvent une dimension religieuse ou ethnique.

L’accaparement des terres, les tensions politiques et économiques entre les sédentaires et ceux qui sont considérés comme des étrangers, ainsi que l’afflux de prédicateurs musulmans et chrétiens extrémistes qui soufflent sur les braises, ont accentué les divisions dans cette région du pays le plus peuplé d’Afrique, en particulier dans les Etats de Benue et du Plateau.

Les terres disponibles pour l’agriculture et l’élevage se réduisent régulièrement à cause du changement climatique et de l’expansion humaine, ce qui entraîne une concurrence parfois mortelle pour un espace de plus en plus limité.

Les éleveurs peuls (fulani) sont généralement accusés d’être les auteurs de ces attaques mais ces derniers affirment aussi être la cible d’attaques meurtrières menées par des agriculteurs et d’expropriations de terres.

Il y a deux semaines, au moins 25 personnes ont été tuées par des hommes armés dans le même Etat de Benue.

Et une série de massacres non élucidés a fait plus de 150 morts en avril dans les Etats du Plateau et de Benue.

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