« Le mandat présidentiel à la Grande mosquée: De quoi se mêle l’Imam Ratib », Elhadj Yvon Mbaye Journaliste-formateur

Il est vrai que l’Imam Raatib Alioune Moussa Samb que nous appelions affectueusement « Pape Samb » est un religieux issu de la communauté léboue de Dakar. Tous les natifs de cette cité entre 1940 et 1960 ont une bonne souvenance de cet ancien sportif, longiligne, talentueux avec le ballon rond et combien généreux dans l’effort. Par la même occasion, en même temps que lui, nous avons couru, sauté et gambadé sur les chemins d’alors sablonneux de la Médina, de la Gueule Tapée et du Plateau. Quel bon foot-balleur, fût-il, sous les couleurs de l’ex-Stella de Dakar d’où a germé le Dial-Diop des Mame Touty, Hamat, PeulhSsow et autres Nianga ?

Seulement, son statut actuel de guide moral et spirituel, en sa qualité d’Imam Raatib à la Grande Mosquée de Dakar, a fait de ce citoyen, un homme hors du commun. Responsabilités morales et religieuses obligent ! Si bien qu’après la prière de la Korité, sous la présence du Chef de l’État, l’analyse de contenu de son sermon ait fait couler beaucoup d’encre et de salive, si ses propos n’ont pas tout simplement laissé beaucoup de fidèles perplexes.

Notre Imam a exhorté le premier magistrat du pays, à se dédire, concernant cette réduction de son mandat de 7 ans à 5 ans. Nonobstant les déclarations répétées et délibérées de l’intéressé lors de la campagne électorale 2012, puis à son passage aux Nations unies et au perron de l’Élysée, ensuite devant ses pairs à l’Union Africaine ( U.A.) et finalement à la CEDEAO. Raison pour laquelle, beaucoup de fidèles et d’observateurs pensent ainsi que les prérogatives que Dieu, le tout-puissant, créateur du trône sublime a attribuées à ce responsable religieux, ont été bafouées. Car, tel n’est pas le rôle de cet Imam. Surtout dans un pays, comme le nôtre, où la liberté d’agir et de choisir émane d’une démocratie exemple à travers le monde. Ne dit-on pas que, qui choisit, élimine ?

Politique, Parole et Religion

Le langage voire la parole est un acte personnel, parce que chaque locuteur s’exprime avec une intonation et un débit particulier. Donc, la parole est l’actualisation de la langue. Il est également important, ce qu’a semblé oublier ou ignorer notre Imam, de prendre en compte le contexte dans lequel la parole est donnée, liant toujours un locuteur et un interlocuteur.

La religion musulmane à travers laquelle ce dirigeant spirituel est une voix écoutée (malheureusement !), jouit d’un concept majeur ineffaçable : la Morale et l’Hygiène. Donc, il a franchi le rubicon, en oubliant ou ignorant, qu’un conflit latent a toujours existé entre la morale, la religion et la politique. D’ailleurs, à travers le religion, la politique a mauvaise réputation. Elle serait le lien de la compétition, de la rivalité, de la lutte pour le pouvoir. Et, tous les coups y sont permis. Dans un tel imbroglio matériel, dans ce fourre-tout d’intéressement, un guide moral et spirituel de sa trempe ne devrait guère mettre la main dans une pâte si ambiguë d’intérêt, voire partisane.

Notre Imam dans un sermon combien inquiétant et rabaissant est complètement passé à côté de ce qui lui serait dévolu. Alors, convoquant la sagesse et la mesure rhétorique des dirigeants de l’église, nous nous permettons de dire à cet érudit de la Grande Mosquée de Dakar : Ah ! Politique, quand tu nous tiens !

Elhadj Yvon Mbaye
Journaliste-formateur
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